Coronavirus : la double peine des travailleurs précaires contaminés
Par peur de perdre leur emploi, certains travailleurs précaires ont fait le choix de ne pas se faire tester au Covid-19, même en cas de symptômes, voire de ne pas prévenir leur employeur. Le 20 Heures a mené l'enquête.
Rose* a choisi de garder le silence et taire un secret lourd et pesant pour ne pas perdre son salaire. Cette étudiante boursière, qui travaille dans la restauration, a caché à son employeur qu'elle était cas-contact d'une amie malade. Payée à l'heure, elle gagne environ 400 euros par mois. S'isoler, c'était ne pas travailler pendant deux semaines et donc perdre la moitié de ses revenus. Une perspective inenvisageable alors qu'elle paye 300 euros de loyer chaque mois. "Quand on compte tous les centimes et que tout est important, on ne réfléchit pas", confie-t-elle.
Un dilemme moral
Peu ou mal indemnisés en cas d'arrêt, combien sont les travailleurs intérimaires, extras et CDD courts à avoir dû choisir entre la santé collective et leur stabilité personnelle ? Jérémy, livreur à vélo, a également été confié à ce dilemme. Contrôlé positif en mars dernier, il arrête les courses, s'isole et découvre l'indemnisation proposée par sa plateforme de livraison, bien loin des 100 euros qu'il perçoit normalement chaque jour. En se déclarant positif auprès de sa plateforme, il perd 800 euros de revenus. "Je suppose qu'il y a des collègues qui, eux, travaillent sans papier et ne se posent même pas la question", estime-t-il.
*prénom modifié
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