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Contrat d'engagement jeune : "C'est un premier pas" mais "on ne vit pas avec 500 euros, on survit", déclare un responsable du Cese

Un "contrat engagement jeune" pour l'insertion des 16-25 ans éloignés de l'emploi sera lancé le 1er mars 2022, ont annoncé le Président de la République et le Premier ministre. Le montant de l'allocation pourra aller jusqu'à 500 euros par mois. 

Article rédigé par franceinfo
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Lors d'un discours du Premier ministre Jean Castex sur le "Contrat d'engagement jeune" à la "Mission locale" de Vitry-sur-Seine, le 2 novembre 2021. (JULIEN DE ROSA / AFP)

Emmanuel Macron et Jean Castex ont annoncé, mardi 2 novembre, la création d'un "contrat d'engagement" pour accompagner au moins 400 000 jeunes dès 2022 vers l'insertion professionnelle, en leur versant jusqu'à 500 euros par mois, à partir du 1er mars 2022. Le président de la commission insertion et jeunesse du Conseil, économique, social et environnemental (Cese), Antoine Dulin, salue "un premier pas" sur franceinfo mais estime qu'on "ne vit pas avec 500 euros, on survit". Il aurait préféré que l'aide soit plus élevée - au moins au niveau du RSA -, qu'elle dure plus longtemps et qu'elle soit ouverte à plus de jeunes.

franceinfo : La création du "Contrat d'Engagement Jeune" répond-elle à vos attentes ?

Antoine Dulin : C'est évidemment un premier pas que fait enfin le gouvernement. Ça fait dix mois que le Conseil d'orientation des politiques de jeunesse avait remis 30 propositions au gouvernement pour avancer sur une évolution des dispositifs existants. Malheureusement, ce que nous attendions et ce que nous avions rappelé au président de la République il y a quelques jours avec différentes organisations dont la CFDT, les acteurs de la solidarité, des associations de lutte contre la pauvreté ou des organisations étudiantes, c'était véritablement d'en finir avec l'empilement de dispositifs.

Que va permettre cette allocation ?

Cette allocation ne doit pas être perçue comme de l'assistanat mais une manière de lever un certain nombre de freins. Il fallait changer véritablement le système pour permettre à tous les jeunes qui sont aujourd'hui en parcours de réinsertion, avec des difficultés financières, sans soutien familial, de pouvoir bénéficier à la fois de cette allocation et d'un accompagnement.

J'aurais aimé ce matin que le président de la République et le Premier ministre annoncent plutôt un droit véritablement ouvert à tous les jeunes en insertion, qui leur permettrait aussi de garantir une logique d'accès au logement, d'accès à la complémentaire santé... Quand un jeune reste dans un dispositif limité à 12 mois, voire 18 mois dans quelques cas particuliers, il n'est pas solvable par exemple pour pouvoir accéder à un logement autonome, à un logement social, à une place dans un foyer jeune travailleur, face à une autre personne qui a soit une allocation du type RSA, soit un salaire.

Le montant de l'enveloppe, fixé à 500 euros par mois, vous convient-il ?

On aurait préféré que ce montant soit vraiment indexé sur le RSA. Aujourd'hui, le RSA est à 560 euros, on ne voit pas bien la logique d'aller en-dessous. Après, ce qui est important, c'est que cette enveloppe puisse suivre le niveau de l'inflation, qu'elle ne reste pas à 500 euros par mois pendant des années, et qu'elle soit bien dans une dimension de pouvoir accompagner. Mais que ce soit clair, on ne vit pas avec 500 euros, on survit. Cette aide ne permet que de pouvoir sortir des situations de détresse, comme on a vu pendant cette crise sanitaire où des jeunes remplissaient les files de distribution alimentaire des Restos du cœur, du Secours populaire ou du Secours catholique.

Lors d'un déplacement dans une mission locale du Val-de-Marne, le Premier ministre a dit qu'une mesure trop large présentait le risque d'installer une prime à l'inactivité. L'entendez-vous ?

Je pense qu'il y a une confusion. Ceux qui sont aujourd'hui au RSA ne sont pas des paresseux. Toutes les études, tout comme la Prix Nobel de l'économie Esther Duflo, le montrent : les aides sociales permettent la reprise de l'emploi. Il faut sortir de cette logique selon laquelle il y a une trappe à inactivité en versant des aides sociales. Il faut plutôt se dire qu'on va permettre à des jeunes qui, aujourd'hui ont des problématiques de logement, de mobilité, du découragement, de la honte parfois parce qu'ils sont décrocheurs du système scolaire depuis de nombreuses années et de trouver un emploi.

D'ailleurs, un chiffre qu'on oublie trop souvent : un jeune sur deux qui est sorti non-diplômé du système scolaire est toujours en recherche d'emploi trois ans après. On est dans une dynamique où c'est très compliqué de pouvoir accéder à l'emploi quand on a peu ou pas de compétences. L'allocation permet effectivement de survivre, de pouvoir accéder à ces besoins fondamentaux, et de se concentrer sur la recherche d'emploi, sur la recherche de formation, sans penser à ce qu'on va manger le soir.

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