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"Pour un emploi créé chez Amazon", le commerce de proximité perd 2,2 emplois, selon une étude de Mounir Mahjoubi

Le géant américain Amazon a détruit 7 900 emplois en France en 2018, selon une note publiée par l'ex-secrétaire d'État au numérique.

Article rédigé par franceinfo
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Mounir Mahjoubi, lors d'une session de questions au gouvernement, à l'Assemblée nationale, à Paris, le 12 novembre 2019. (BERTRAND GUAY / AFP)

Dans une note d'analyse publiée vendredi 22 novembre, et que franceinfo a pu consulter, Mounir Mahjoubi, ex-secrétaire d'État au Numérique et député LREM de Paris, estime que 7 900 emplois ont été détruits en France en 2018 par Amazon. Cette année-là, l'entreprise de Jeff Bezos a réalisé un volume d'affaires en France de 6,6 milliards d'euros selon Kantar Worldpanel, cité dans cette étude.

C'est "en déduisant les embauches d'Amazon et des vendeurs tiers (12 337 emplois créés) aux suppressions d'emplois dans le commerce physique à cause des activités du site d'achat (20 239 emplois perdus)", que Mounir Mahjoubi aboutit à ce chiffre de 7 900 emplois perdus en France. Une formule résume cette constatation, "pour un emploi créé chez Amazon", le commerce de proximité a perdu 2,2 emplois. Une étude américaine réalisée en novembre 2016 par l'Institute for Local Self-Reliance avait abouti au ratio de "deux emplois supprimés aux États-Unis pour un emploi créé par Amazon".

Consommer est un acte "citoyen et politique"

Dans son étude, Mounir Mahjoubi met en cause la "productivité élevée" chez Amazon où un seul salarié "supporte un chiffre d'affaires d'environ 600 000 euros", contre "270 000 euros" pour un salarié d'une boutique. Cette compétitivité d'Amazon est due "à des pratiques managériales contestées", dénonce-t-il. "Les hommes et les femmes des centres logistiques (de la plateforme) travaillent à un rythme effréné et minuté", avec "des tâches répétitives et physiquement pénibles". Cette logique sera poussée jusqu'au bout par Amazon, qui considère ses salariés "comme des robots". La société "les remplacera demain par des machines autonomes", ce qui pourrait augmenter davantage la productivité de la plateforme et aboutir à détruire plus d'emplois dans les commerces traditionnels, redoute Mounir Mahjoubi.

Les petits commerces n'ont pas les moyens de résister face au rouleau compresseur américain et ne peuvent appliquer les mêmes méthodes : "une automatisation poussée" et "une forme de déshumanisation des relations commerciales", selon cette étude de Mounir Mahjoubi. Le député pointe par ailleurs les stratégies d'optimisation fiscale mises en place par Amazon "qui enregistre ses ventes françaises directement auprès de sa filiale luxembourgeoise""Consommer est aussi un acte citoyen et politique", rappelle l'ex-secrétaire d'État au Numérique, pour qui "les internautes doivent cliquer en connaissance de cause. Leurs achats pèsent sur l'emploi national", explique-t-il. "Les Français doivent penser aux PME françaises pour leurs achats", car "elles sont foncièrement plus humaines".

"Pas un appel au boycott, mais un appel à la diversité économique"

Pour proposer une alternative, le député de Paris va lancer "la seconde édition du Noël des PME", il a créé "un annuaire d'entreprises locales, maîtrisant leur impact social et environnemental auprès desquelles les Français peuvent réaliser leurs achats". Invité sur franceinfo vendredi, le député LREM de Paris insiste sur la nécessité d'avoir une "responsabilité collective sur : où est-ce que j’envoie mon argent ?". Mounir Mahjoubi précise qu'il ne lance "pas un appel au boycott, mais un appel à la diversité économique". "Cette année, c'est 100 milliards d'euros dépensés en ligne" annoncés pour les fêtes. "Moi je dis au consommateur : décidez où ils vont, s'ils vont à l'emploi près de chez vous."

Le pire qu'on peut faire à Noël, c'est offrir des cadeaux made in China chez une entreprise américaine qui ne paie pas ses impôts en France.

Mounir Mahjoubi

à franceinfo

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