Le nombre de chômeurs diminue, pas celui des "personnes qui oscillent entre l'emploi et le chômage"
Au-delà de la forte baisse du chômage en septembre, Denis Ferrand, directeur général de l'institut Coe-Rexecode, invité sur franceinfo mercredi, souligne la hausse du nombre de personnes qui "oscillent entre l’emploi et le chômage".
La baisse des chiffres du chômage annoncée mardi 25 octobre est, en valeur absolue, la plus forte baisse mensuelle depuis vingt ans. Le nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi en catégorie A, c'est-à-dire sans aucune activité, a reculé de 66 300 personnes en septembre. Le chômage diminue ainsi de 1,9% par rapport au mois d'août. Invité sur franceinfo mercredi, l’économiste Denis Ferrand, directeur général de l'institut Coe-Rexecode, appelle à relativiser ce résultat.
franceinfo : Peut-on décrire cette forte diminution du nombre de demandeurs d'emploi comme une baisse significative du chômage ?
Denis Ferrand : Les chiffres du chômage ont des mouvements parfois erratiques, qui donnent lieu à des emportements quelque peu hystériques. Pour comprendre ce qu'il se passe réellement, il faut essayer de lisser ces mouvements. Deux démarches sont possibles.
Il y a tout d'abord la lecture à cadence trimestrielle. C’est ce que fait notamment l’Insee dans son enquête sur le chômage au sens du Bureau international du travail (BIT). Cette enquête nous dit qu’il y a effectivement une baisse du nombre de chômeurs, mais qu'il y a une augmentation des personnes qui sont dans le "halo" autour du chômage. Ce sont des personnes qui oscillent entre l’emploi et le chômage, ou qui ont un peu travaillé : elles s'inscrivent dans les catégories B, C, D ou E de Pôle emploi.
Deuxième démarche : prendre un peu plus de distance. Parallèlement à la baisse du nombre de chômeurs en catégorie A, on constate une augmentation des personnes en catégorie D, c'est-à-dire en formation, et en catégorie E, c'est-à-dire en emplois aidés.
Que sont devenus les chômeurs qui ont quitté Pôle emploi en septembre ?
Les statistiques de Pôle emploi montrent qu'il y a des reprises d’emploi. On note également des entrées en stage. Début octobre, un rapport du Sénat montrait que la France a une lacune quand il s'agit d'apprécier la trajectoire des personnes, d'évaluer ce que deviennent par exemple les personnes qui bénéficient d’une formation. Ces personnes retrouvent-elles un emploi ? Cette formation est-elle une passerelle ?
Comment expliquer cette forte baisse du chômage entre août et septembre ?
Il y a un effet prime à l’embauche. Les formations jouent aussi sur cette évolution. Mais plus fondamentalement, ce qu’il faut suivre, c’est la statistique de l’emploi. La statistique la plus parlante réside dans les enquêtes de conjoncture que mène l’Insee auprès des différents secteurs d’activité. Ces enquêtes nous montrent que les évolutions prévues au niveau des effectifs dans l’industrie manufacturière s’améliorent. Sur les activités de service, les prévisions sont plutôt bonnes. Le secteur de la construction reste en revanche à la traîne.
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