Emploi : l'entreprise MerAlliance fait son "shopping" de main-d’œuvre dans un supermarché
Trouver du travail, en allant faire ses courses, c'est possible ! Alors que le taux de chômage en France est retombé sous son niveau d’avant-crise sanitaire, voilà ce que propose une entreprise agroalimentaire bretonne en mal de main-d’œuvre : recruter ses futurs salariés sur leur lieu de vie, et même directement au supermarché !
Le nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A a baissé de 12,6% au cours de l'année 2021 en France (hors Mayotte), et jusqu'à 13,2% en France métropolitaine.
Dans ce contexte plus favorable, certaines entreprises testent une manière différente de recruter de futurs employés. Pour MerAlliance, à Quimper dans le Finistère, la première approche se fait au supermarché, entre les caisses et les caddies : "Je voulais savoir les horaires sont modulables, ou fixes ?", demande Philippe, 60 ans, entre deux achats. "Alors c’est du 2/8", lui répond-on. Il prend des informations, au pied d’une grande affiche qui invite à venir manipuler du saumon en tranches. "Il faut un CV ? Une lettre de motivation ?" Il est inscrit à Pôle Emploi depuis décembre, après plusieurs années comme magasinier-cariste. "Je m’ennuie un peu, l’administration ça me fatigue, donc c’est bien cette opération en grande surface, ça attire des jeunes, et des moins jeunes comme moi."
Et c’est exactement l’objectif de MerAlliance, leader français du poisson fumé, qui recherche des dizaines d’opérateurs de production ou de conditionnement. "On a voulu innover sur les manières de recruter, explique Maëlle Gillot de la mission locale. Les canaux habituels ne suffisent plus et l’approche doit changer."
"Il faut 'aller vers', donc on s’est dit : sortons des murs, allons dans les galeries commerciales pour aller à la rencontre du public et lui présenter les métiers et les formations qui existent."
Maëlle Gillot, de la mission localeà franceinfo
Objectif : leur montrer qu'il y a de l’emploi sur le territoire de la Cornouaille. Pour mieux convaincre, l’entreprise fait venir sur le stand certains de ses salariés actuels, explique Morgane Vallée, aux ressources humaines de MerAlliance : "Aujourd'hui, il y a Mohamed, responsable de la laverie. C'est justement un métier en tension, donc il est là pour promouvoir son poste. C'est le mieux placé pour parler concrètement de son travail quotidien dans l'usine." Mohamed Maoulida, le chef d'une équipe de 12 personnes au nettoyage industriel, est satisfait : il a fait une touche, avec un demandeur d’emploi venu faire ses courses. "Quelqu'un est passé, il était intéressé donc il va venir la semaine prochaine."
Tenter sa chance directement auprès des recruteurs
Du très concret, c’est ce qui a attiré aussi Vanessa Dubois, infirmière en santé du travail, sans emploi depuis trois mois. "Je me suis dit que j'allais tenter ma chance. Au moins, je pourrais voir les recruteurs, et c'est parfois plus facile que d'envoyer son CV et d'être noyée dans la masse. Ça permet de décrocher un rendez-vous, c'est déjà très bien !"
La liste des personnes à recontacter s’allonge, et même sans résultat immédiat, le message passe chez les clients du supermarché. Nathalie est sans emploi depuis dix ans. "Avant j’étais aide-soignante, et j’ai perdu mon emploi quand j’ai eu mes enfants." Elle presse le pas vers le parking, quelques victuailles à la main, et dans l’autre le prospectus de l’entreprise : "Je cherche un peu de tout. Je vais regarder ce qu'ils proposent. On ne crache pas sur le travail, comme on dit !"
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