Emploi des seniors : les négociations entre les partenaires sociaux s'achèvent sur un constat d'échec
Trois mois et demi de négociations et une probable impasse. Les syndicats ont dressé, dans la nuit du mardi 9 au mercredi 10 avril, un constat d'échec des pourparlers entre les partenaires sociaux sur l'emploi des seniors, à l'issue d'une dernière séance de 48 heures. Leur réaction laisse entrevoir un probable rejet de la version finale de l'accord proposé par le patronat.
Ces discussions, initiées après l'adoption de la réforme des retraites, devaient permettre de concrétiser le "pacte de la vie au travail" appelé de ses vœux par Emmanuel Macron, et d'aider les salariés de rester plus longtemps en poste, alors que l'âge légal de départ va être porté progressivement de 62 à 64 ans.
Le gouvernement avait fixé l'objectif de passer à un taux d'emploi pour les 60-64 ans de 65% "à l'horizon 2030", contre 36,2% en 2022. L'accord devait être "le reflet de ce qui a été exprimé pendant le mouvement social sur les retraites", expliquait de son côté le négociateur de la CFDT, Yvan Ricordeau, en février.
Un rejet unanime des syndicats
La version finale du projet d'accord transmise aux syndicats par les organisations patronales, mardi, ne crée "aucun droit nouveau pour les salariés", a réagi ce même Yvan Ricordeau, dont le syndicat est déterminant pour l'adoption du texte. "Il n'y a pas de nouveau droit, il y a moins de destructions [de droits] que prévu, mais surtout des grands manques", a insisté le négociateur de FO, Michel Beaugas. "On va lister les plus et les moins : il n'y aura pas beaucoup de plus", a déclaré de son côté Denis Gravouil pour la CGT.
Des réactions qui laissent présager d'un rejet du projet d'accord, alors que les instances dirigeantes des cinq syndicats représentés dans les négociations doivent se prononcer dans les prochains jours. Les négociateurs de la CFTC et la CFE-CGC ont fait savoir qu'ils plaideraient contre le texte.
Le négociateur du Medef, Hubert Mongon, a accusé les syndicats d'avoir campé sur leurs positions initiales durant toute la durée des négociations alors que, selon lui, le projet d'accord a répondu "à un certain nombre [de leurs] aspirations". Plusieurs syndicats ont souligné le fait qu'une ouverture patronale sur un droit à la retraite progressive aurait pu changer la donne. Le Medef comme le gouvernement ont argué que la mesure coûtait trop cher.
Des conséquences pour l'assurance-chômage ?
Le rejet du projet d'accord présenté mardi pourrait condamner la convention sur l'assurance-chômage négociée par les partenaires sociaux en novembre. Le gouvernement avait conditionné son application à une modification des règles d'indemnisation pour prendre en compte le recul de l'âge de départ à la retraite, et cette question épineuse avait été renvoyée à la négociation sur l'emploi des séniors. En cas d'échec de celle-ci, le gouvernement pourrait reprendre la main sur les règles de l'assurance-chômage.
"Je reste prudente, même si, comme vous, je pense que nous sommes plus près d'un non-accord que d'un accord" sur l'emploi des séniors, a réagi la ministre du Travail, Catherine Vautrin, sur TF1 mercredi. "La partie assurance-chômage n'était pas dans ce qui était discuté [mardi] soir" a-t-elle cependant rappelé, expliquant attendre des "éléments" de la part des partenaires sociaux sur ce point.
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