Baisse du chômage : "Il y a encore des voies de progrès", estime la CPME
Jean-Eudes du Mesnil, secrétaire général de la CPME, a réagi sur franceinfo aux bons chiffres du chomage publiés lundi.
"En France, on est à 8,5% de chômage, mais si l'on regarde sur l'ensemble de l'Union européenne, le taux de chômage est à 6,3%, et c'est même 3% en Allemagne, il y a donc encore des voies de progrès", estime mardi 28 janvier sur franceinfo Jean-Eudes du Mesnil, secrétaire général de la CPME. Selon des chiffres publiés lundi par Pôle emploi, le chômage a nettement baissé en 2019 en France avec 120 700 demandeurs d'emploi sans activité en moins, soit -3,3%. Il s'agit de la plus forte baisse depuis la crise de 2008.
franceinfo : Cette baisse du chômage, c'est grâce à qui, aux chefs d'entreprise ou à Emmanuel Macron ?
Jean-Eudes du Mesnil : C'est d'abord grâce aux chefs d'entreprise. Ils embauchent d'abord parce que leurs carnets de commandes leur permettent et ensuite parce qu'ils ont confiance. C'est vrai qu'il y a eu quelques mesures qui ont été prises qui ont pu accélérer cette confiance, mais elle reste fragile.
On a une baisse très sensible du nombre de demandeurs d'emploi, sur le dernier trimestre 2019, la baisse atteint 63 000 personnes, cela équivaut à la ville de Quimper ou de Levallois-Perret, où l'ensemble de la population retrouverait un emploi. C'est très important et c'est grâce aux chefs d'entreprise qui ont confiance et qui s'engagent pour l'avenir.
Les mesures de François Hollande et Emmanuel Macron (CICE, allègements de charges, etc.) n'ont pas du tout joué d'après vous ?
Si, bien sûr, mais la France reste le pays où les prélèvements sociaux sont les plus importants. Alors il y a eu des progrès : le CICE mais aussi les ordonnances travail. Les chefs d'entreprise sont maintenant rassurés pour embaucher, parce que désormais, s'il y a un incident de parcours et qu'il doit y avoir prud'hommes, on n'est plus dans la loterie, mais dans quelque chose de prévisible. C'est important que la législation ne change pas toutes les cinq minutes et que les règles du jeu soient connues par tout le monde.
Le ministre de l'économie Bruno Le Maire a affiché sur franceinfo un objectif de plein emploi à horizon 2025. Vous y croyez ?
Il a raison, on y croit parce qu'on est optimistes. Maintenant, il faut toujours comparer avec ce qui se passe ailleurs. En France, on est donc à 8,5% de chômage, mais si l'on regarde sur l'ensemble de l'Union européenne, le taux de chômage est à 6,3% et c'est même 3% en Allemagne ! Il y a encore des voies de progrès. On peut aller plus loin par exemple sur la fiscalité : nous avons une fiscalité de production, c'est-à-dire basée sur le chiffre d'affaires et pas sur le résultat, c'est une aberration économique. On pourrait aussi diminuer la fiscalité locale, qui est en forte augmentation. Et puis il faudrait mettre fin à la pénurie de compétences. Aujourd'hui, le principal problème des chefs d'entreprise - et c'est assez paradoxal avec les chiffres du chômage - c'est qu'ils n'arrivent pas à embaucher.
Concernant l'emploi des seniors, les chiffres du chômage sont moins bons, la baisse est moins forte. Comment on trouve du travail pour les seniors ?
Il y a pas mal de choses à faire : d'abord maintenir les seniors dans l'emploi ! Il faut aussi savoir de quoi on parle, à partir de quel âge on est senior. Nous, on considère à la CPME que ça devrait être à partir de 57 ans, et non pas 45 ou 50 ans.
Et puis on pourrait faire des choses concrètes, comme diminuer les cotisations assurance chômage à partir de 57 ans pour inciter les chefs d'entreprise à garder les seniors en entreprise et puis à en faire venir davantage et en embaucher.
Et pour les jeunes, que faut-il faire ?
Il y a le sujet de l'apprentissage, de l'alternance, qui est vraiment la voie royale vers l'emploi. Et puis après, c'est l'activité économique qui créera de l'emploi. Quand les entreprises cherchent à recruter, elles cherchent avant tout des jeunes.
Mais il faut quand même dire qu'il y a un certain nombre de patrons qui sont perplexes face à des comportements de jeunes, qui viennent dans l'entreprise mais qui ne restent pas forcément alors que le chef d'entreprise souhaite les garder, et puis qui jouent un peu entre les périodes travaillées et non travaillées.
Est-ce que ça veut dire aussi que les entreprises ne savent pas garder les jeunes embauchés ?
Oui probablement, elles ont sans doute leur part de responsabilité. Il faut que les entreprises s'adaptent à la génération Y et la génération Z. Mais malgré tout, je reçois beaucoup de témoignages de chefs d'entreprise qui recrutent des salariés en CDD et qui, à la fin, cherchent à les embaucher en CDI. De plus en plus souvent aujourd'hui, ils n'arrivent pas à les embaucher en CDI, c'est un peu le paradoxe.
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