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En Eure-et-Loir, une usine de produits laitiers emploie une dizaine d’autistes

Douze autistes sont employés par l’usine Nomandie, en Eure-et-Loir. Des salariés très efficaces. Reportage, à l’occasion de la journée mondiale de sensibilisation à l'autisme

Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Nicolas, adulte autiste, travaille à l'usine Novandie à Auneau (Eure-et-Loire). (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / RADIO FRANCE)

Nicolas porte une combinaison blanche et une charlotte bleue sur la tête. Très concentré, ses yeux sont fixés sur l’aiguille de la balance : "J’ai plusieurs tâches, là je fais de la pesée. Je dois peser des sacs de 5 kilos tout rond d’amidon de riz. Cela permet à ce que le yaourt ait un minimum de consistance. S’il y avait que du lait, ce serait liquide" explique-t-il d’un débit rapide.

Nicolas est autiste, comme 700 000 français, dont 100 000 enfants. S’il travaille à Auneau, en Eure-et-Loir, dans l’Usine Nomandie, une filiale du groupe Andros, c’est grâce à un partenariat avec l’association "Vivre et travailler autrement". Malgré son BTS et sa grande culture générale, trouver et garder un emploi a toujours été un parcours du combattant pour cet autiste de 36 ans : "C’est compliqué parce qu’en fin de compte, ça fait peur a beaucoup d’employeur. Ici, ça se passe bien avec tous les collègues, autistes ou non."

Une meilleure productivité

Cette initiative est unique en France. Elle a été lancée en septembre 2016 par l'un des dirigeants du groupe, lui-même père d'un adulte autiste. Nous n’avons aucun échec. Jean-François Dufresne, un des dirigeants du groupe Andros, est fière. Il a embauché 12 autistes dont son fils dans l'entreprise de 300 salariés. La plupart souffrent d'une forme sévère d'autisme et contrairement à Nicolas ne s'expriment pas et pourtant : "Il est absurde de se priver de la compétence des autistes, qu’ils ont et que les autres non pas. Ils sont extrêmement concentrés sur leur travail." Il poursuite : "On a mesuré leur productivité qui va jusqu’à 10 % supérieur à celle des salariés dit ordinaire. Ils ne rejettent jamais les travaux répétitifs qui, au contraire, les calment."

Un travail qui redonne confiance

Au sol, on distingue des carrés de couleur avec des chiffres. Ce sont des codes qui leur permettent, à eux, de mieux se repérer, de ne pas se tromper et de mettre les bons pots aux bons endroits. Au milieu des cartons et des palettes, chacun travaille en autonomie avec un référent qui intervient le moins possible. C'est ce qui impressionne Yann, un intérimaire, perché sur sa machine : "Quand on regarde comme ça, on n’aurait pas dit qu’il travaille autant. Moi, j’avais peur car quand je les croise dans le vestiaire. Ils peuvent pousser des cris qui surprennent. Mais après, cela se passe très bien. Ce sont des salariés comme les autres."

La journée est partagée entre l’usine le matin et vie en foyer l'après-midi avec des activités. Ce dispositif est unique en France. Cette maman ne pouvait rêver mieux pour sa fille Lisa, 22 ans. Elle travaille dans cette usine depuis 5 mois : "Heureusement qu’il y a des dispositifs bienveillants comme celui-ci, qui donnent une chance à nos enfants témoigne cette maman." Lisa sourit et ajoute : "Ce travail, il me plaît. Il me donne confiance s’exclame-t-elle."

Ecoutez le reportage de Sandrine Etoa-Andegue dans l'usine Nomandie.

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