: Vidéo Pesticides : "Ce sont des produits de 'santé végétale'... Ils ont changé le nom, mais c'est toujours aussi dangereux"
Jean-Luc utilise à contre-cœur des produits phytosanitaires pour désherber et soigner ses cultures. Investissements, remboursements, rendements… Pour lui, c’est un "esclavage" dont son fils ne veut pas… Extrait du magazine "13h15 le dimanche" du 12 mai 2019.
Jean-Luc, éleveur du département de l’Aisne, se bagarre jour après jour pour vendre son lait équitable aux consommateurs, au juste prix. Il n'a pas fait le choix du bio, mais celui de l'agriculture raisonnée. Et quand vient le printemps, saison de l’épandage sur les cultures, ce paysan remet sérieusement en question depuis quelque temps les méthodes qu’il emploie pour désherber…
"Là, c’est le local phyto où il y a tous les produits phyto pour… Euh, pour bien parler, ce sont des produits de 'santé végétale', dit-il avec un sourire entendu au magazine "13h15 le dimanche" (replay). Ils ont changé le nom pour que ça fasse moins dangereux, mais c’est toujours aussi dangereux. J’en ai pour désherber mes cultures (blé, maïs, escourgeon), pour soigner les maladies avec les fongicides et puis les insecticides."
"Le risque, c’est la mort"
Que symbolise pour lui ce "local phyto" ? "L’esclavage ! répond-il sans la moindre hésitation. On a investi dans du matériel, des tracteurs… et pour rembourser, il faut faire des rendements. Sur une culture qui n’est pas désherbée, les mauvaises herbes poussent et il n’y a pas de rendement. On ne s’en sort pas financièrement." Et ces losanges rouges sur les bidons ? "Avant, je n’y pensais pas, mais j’y pense de plus en plus."
"Mon fils Corentin me dit toujours : 'Je n’irai jamais traiter. Je ne veux pas mourir à trente ans à cause des produits toxiques.' Donc, je pense souvent à lui quand je les utilise. Le risque ? Eh bien, c’est la mort ! On ne peut pas dire qu’on n’est pas conscient de la dangerosité des produits quand on met un masque. On sait que ce sont des produits dangereux…" Jean-Luc en emplit son tracteur avant de partir sans joie traiter ses cultures avec ces produits de "santé végétale"...
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