Solitude, équipement inadapté, douleurs musculaires… : le télétravail sans cadre précipite des salariés dans la souffrance
Syndicats et patronat vont tenter lundi de négocier ensemble un accord pour mieux encadrer le télétravail imposé à de nombreux salariés avec la crise du Covid-19. En effet, faute de cadre, beaucoup d’entre eux pâtissent de la situation depuis le premier confinement.
Avant la crise sanitaire du coronavirus Covid-19 et le premier confinement, Randja, n’avait jamais télétravaillé. Depuis, la vie de cette consultante en organisation et management, salariée d’un grand groupe, a radicalement changé. Elle travaille cinq jours sur cinq depuis son domicile. "Basculer en télétravail à temps plein le jour du premier confinement, c'était techniquement possible, en tout cas pour mon métier, indique-t-elle. Je fais du conseil et on a tous un ordinateur portable : quand on est amenés à aller chez le client, on a tous un accès à distance à nos mails et nos documents. Du coup, ils ont pu le mettre en place très facilement."
L'employeur refuse d'appliquer l'accord d'entreprise
Techniquement facile, donc. Mais pour les conditions matérielles, c’est une autre histoire. Car dans l’entreprise de Randja, si le télétravail régulier est encadré, rien n’est prévu pour le télétravail en situation exceptionnelle. "Nous avons un accord d'entreprise dans notre boîte, explique Randja, mais l'employeur a refusé de l'appliquer aux personnes qui télétravaillaient à cause du Covid-19."
Lundi 23 novembre, syndicats et patronat se retrouvent en début d’après-midi par visioconférence pour tenter de négocier un accord pour mieux encadrer le télétravail. Car faute de cadre, beaucoup de salariés comme Radja pâtissent toujours de la situation. "En fait, ce n'est pas du tout encadré, poursuit Radja. On a un ordinateur et pour le reste, c'est à nous de nous débrouiller. Je n'ai pas de clavier en plus, pas de deuxième écran, pas de vrai bureau, pas d'imprimante."
Je fais tout sur écran, je n'ai quasiment pas lu de papier depuis le mois de mars.
Randjaà franceinfo
Malgré l’accord, Randja ne bénéficie pas du forfait de 30 euros mensuel pour ses frais professionnels, ni de la dotation de 200 euros pour s’équiper. Après huit mois de télétravail à temps complet, elle commence à en subir les effets. "C'est vrai, indique la consultante, que cela fait quelques semaines que je commence à avoir mal au dos, à avoir des douleurs dans l'épaule, dans le coude et c'est cela qui commence à poser problème." Et puis, il y a ce sentiment de solitude.
"Le fait d'être à temps plein en télétravail, c'est compliqué. On ne voit jamais personne et je me sens pas mal isolée."
Randjaà franceinfo
"Certains de mes collègues ressentent moins cela parce que comme ils sont cinq sur le même projet, ils échangent tous les jours à cinq, note la consultante. Comme moi, je ne suis pas avec d'autres personnes sur mon projet, je n'ai pas cette interaction-là avec mes collègues." Randja sait qu’elle va rester en télétravail à 100% jusqu’à la fin de la crise sanitaire. Elle espère, d’ici là, que ses conditions vont s’améliorer. Surtout si un accord est trouvé au niveau national entre syndicats et patronat.
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