L'amiante, la fin du combat ?
Interdit en 1997, l'amiante a toutefois laissé des traces chez ceux qui l'ont côtoyée d'un peu trop près. Les plaignants réclament réparation, mais la justice française pourrait bien refermer les dossiers.
L'amiante n'est plus autorisé en France depuis 1997, mais nombre de travailleurs ont fini par souffrir des conséquences qu'a ce matériau sur la santé. Plusieurs années après, leur combat judiciaire avec leurs anciens employeurs pourrait bien se finir, alors que la justice française envisage de décider d'un non-lieu. Michel Parigot, le président du comité anti-amiante Jussieu, en référence au campus de Jussieu, également touché par l'amiante, revient sur l'affaire.
Une "volonté générale de ne pas juger les décideurs"
"À Jussieu, quand on a commencé, il y avait huit personnes en maladie professionnelle, maintenant il y en a 170, et 40 personnes sont décédées", déplore-t-il. "On voit bien que les choses sont arrivées après. C'est une des difficultés dans l'affaire de l'amiante : c'est ce temps très long entre le moment où les gens ont été exposés, et le moment où la maladie se déclare". En 1994, les premières maladies de l'amiante sont diagnostiquées. À partir de là, des collectifs se forment et obtiennent de meilleures protections pour les travailleurs, de nouvelles réglementations, puis l'interdiction de l'amiante en 1997. "Des dizaines de milliers de victimes ont été épargnées", affirme Michel Parigot.
Mais aujourd'hui, la justice française pourrait prononcer un non-lieu dans une vingtaine de dossiers, dont celui du campus de Jussieu. Alors est-ce la fin du combat ? "Non, tout n'est pas fini. Je pense qu'on peut toujours obtenir un procès pénal de l'amiante, et qu'on l'obtiendra", assure Michel Parigot. Avant de déplorer la posture de la justice, la "volonté générale de ne pas juger les décideurs". "Le fait de décider quelque chose qui aura des conséquences, pour eux ce n'est pas vraiment la même chose que de créer le dommage", regrette-t-il. Et d'assurer : "Pour moi, c'est pire, parce que ce sont des décisions qui sont prises de sang-froid. Et on le fait, parce qu'on s'en fout et parce qu'on défend d'autres intérêts. Ce n'est pas admissible", conclut-il.
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