Changement de cap : de Compagnon du Devoir à gendarme
En quoi consistait votre formation de Compagnon du Devoir en ébénisterie ?
?J'avais déjà beaucoup d'expérience dans les métiers du meuble avant d'entrer chez les Compagnons. J'ai suivi une formation de trois ans dans la menuiserie, puis de quatre ans dans l'ébénisterie et enfin de cinq ans dans la marqueterie. J'ai ensuite été attiré par la tradition compagnonnique qui propose de se perfectionner de ville en ville afin de représenter l'excellence artisanale. J'ai réussi à être admis dans l'Association ouvrière des Compagnons du devoir des Tours de France. J'ai alors pu commencer ma phase de perfectionnement, qui consiste à faire son « Tour de France » dans des entreprises d'ébénisterie. J'allais de ville en ville, d'entreprise en entreprise, et j'étais hébergé dans des maisons compagnonniques. ?
Quel a été le déclic de votre reconversion professionnelle ?
?Le problème quand on est Compagnon, c'est qu'on ne peut pas exercer son métier à son propre compte. J'ai donc pensé à me retirer du Compagnonnage pour devenir mon propre employeur, mais je me suis vite rendu compte qu'il était très difficile de percer dans le milieu de l'ébénisterie. C'est un secteur précaire qui subit notamment la concurrence de grandes firmes étrangères qui proposent des meubles en kit, moins chers. Pour leur foyer, les gens recherchent plus des meubles fonctionnels que des meubles d'art. C'est à ce moment-là que j'ai pensé à une reconversion professionnelle. ?
Qu'est ce qui vous a poussé à exercer le métier de gendarme ?
?J'avais déjà fait mon service militaire dans la gendarmerie et j'en gardais un très bon souvenir. Je suis donc retourné en quelque sorte à mes premières amours. Le métier de gendarme me permettait d'exercer un métier intéressant, de bénéficier de la stabilité de l'emploi, tout en ayant la possibilité de faire ce que je voulais de mes loisirs. Mon expérience dans le Compagnonnage m'a été précieuse dans le cadre de ma reconversion : je n'ai pas eu trop de difficultés à m'adapter à la hiérarchie militaire. Et puis je retrouvais l'esprit de camaraderie qui me plaisait tant dans le milieu du Compagnonnage. ?
Quelle est votre nouvelle vie aujourd'hui ?
?Je suis gendarme depuis près de 20 ans maintenant. Actuellement, je fais surtout de la police judiciaire : je m'occupe de l'atteinte aux biens et de l'atteinte aux personnes. Je constate des infractions, j'en recherche les auteurs, les preuves? Mais je n'ai pas totalement abandonné l'ébénisterie : j'en ai fait une passion. Pendant mon temps libre, je me réfugie dans mon petit atelier, et je ne fais des meubles que pour mon plaisir, des meubles pour lesquels j'ai le coup de c?ur. Je n'aurais jamais pu faire cela si j'étais devenu . Je suis la preuve vivante que se reconvertir, c'est possible??
La rédaction
Publié le 19 janvier 2011
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