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Les 12 engagements de Marisol Touraine pour lutter contre les déserts médicaux

Peut-on pousser les jeunes médecins à s'installer dans les zones rurales ou en banlieues sans les contraindre ? C'est le pari que fait Marisol Touraine qui préfère inciter plutôt qu'obliger les praticiens par le biais d'un plan qu'elle présente aujourd'hui.
Article rédigé par Ouafia Kheniche
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Xavier de Torres Maxppp)

La ministre de la Santé et des Affaires sociales s'attaque aujourd'hui aux déserts médicaux. Marisol Touraine a annoncé ce jeudi depuis la petite ville de Scorbé-Claire dans la Vienne, un plan en 12 points dont France info vous livre les mesures principales.

Cette "pièce maîtresse pour l'accès aux soins", selon Marisol Touraine s'inscrit dans la "stratégie nationale de santé" évoquée par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et se conforme à l'engagement de François Hollande de respecter la liberté d'installation, sacro-sainte pour les médecins libéraux, en misant sur l'incitation plutôt que sur la coercition. Celle-ci serait "injuste" vis-à-vis des jeunes médecins, et  "inefficace", a-t-elle affirmé. Lutter contre les déserts médicaux est la marque d'une "politique de gauche", a-t-elle dit, affirmant que ses prédécesseurs "ont échoué depuis dix ans", en prenant "des mesures par ci par là" sans les coordonner, selon elle. Le plan reprend des thèmes consensuels et certaines idées avancées sur le Web par des étudiants et des jeunes médecins blogueurs.

Etre en contact avec le terrain

Il s'attaque d'abord à la formation des médecins, uniquement assurée aujourd'hui par l'hôpital. Depuis le début de leurs études et jusqu'à la fin de leur internat, soit un minimum de 9 ans pour former un médecin généraliste, les futurs praticiens n'ont quasiment aucun contact avec la réalité de terrain des soins de proximité.

Des stages en cabinet libéral sont en principe obligatoires mais, dans les faits, non effectués. Il y aura "100% des étudiants en médecine générale en stage dans un cabinet libéral, si possible dans un territoire isolé", a assuré la  ministre. Le nombre de bourses d'engagement de service public (1.200 euros bruts par mois), créées sous le précédent quinquennat mais peu prisées actuellement, passera à 1.500 d'ici à 2017. Les bénéficiaires doivent exercer dans les territoires défavorisés pendant autant d'années qu'ils ont perçue l'allocation. Une fois formés, les jeunes médecins se verront garantir leur installation.

Deux cents médecins territoriaux

Deux cents "praticiens territoriaux de médecine générale" auront dès l'an prochain et pour deux ans un revenu garanti, non chiffré encore. La ministre avait évoqué récemment 55.000 euros par an soit 4600 euros par mois. Les jeunes médecins n'ont jamais entendu parler des avantages auxquels ils ont droit, un "référent installation" sera à leur écoute dans chaque agence régionale de santé (ARS).

Un métier en pleine mutation 

Le plan traite aussi des conditions d'exercice du métier qui
évoluent très vite. Pour favoriser le travail en groupe, plébiscité par la
nouvelle génération, des forfaits seront accordés aux maisons de santé
pluridisciplinaires. Des chefs de cliniques viendront former des internes dans
certaines de ces MSP. La télémédecine, encore à ses balbutiements, sera
développée, en commençant par des expérimentations en dermatologie.

Les
transferts de compétences (des médecins vers d'autres professionnels) seront "accélérés"
a souligné la ministre qui veut commencer par l'ophtalmologie. Afin de
rapprocher l'hôpital et la médecine de premier recours, des praticiens
hospitaliers, principalement des spécialistes, pourront venir travailler à
temps partiel dans des structures libérales sans perdre pour autant leur statut
de salarié.

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