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Le temps partiel au féminin : subi plus que choisi

Avec un tiers de salariées concernées, le temps partiel est l'apanage des femmes. Pourtant, peu nombreuses sont celles qui en ont fait le choix. Ces formes d'emploi induisent une grande précarité et renforcent les inégalités entre les sexes. Analyse de Margaret Maruani, sociologue et directrice de r
Article rédigé par Francetv Emploi
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Temps de lecture : 2min

Selon une note de l'Observatoire des inégalités, en janvier 2010, 9% des femmes salariées sont en situation de temps partiel subi, contre 2,5% pour les hommes. Comment expliquer une telle inégalité ?Margaret Maruani : "Le travail à temps partiel s'est développé dans des secteurs où l'emploi féminin est prédominant : l'hôtellerie-restauration, la grande distribution et les services aux particuliers et aux entreprises ? nettoyage et aides à la personne. C'est à partir des années 80 que leurs recrutements se sont structurés autour du temps partiel, sous l'impulsion de politiques publiques. Avec un objectif initial de réduction du chômage, des mesures ont rendu les embauches à temps partiel moins coûteuses que les embauches à temps plein. Le nombre de salariés à temps partiel est passé de 1,5M à 4M aujourd'hui. 80% d'entre eux sont des femmes, une proportion stable durant ces deux décennies."Quelles sont leurs conditions de travail ?M.M. : "Ces postes supposent des horaires éclatés et irréguliers, avec des salaires bien inférieurs au SMIC. Ils pénalisent les femmes au niveau des salaires et des retraites, et freinent leurs carrières. Le diplôme constitue une protection contre ce genre d'emplois, surtout proposés pour des postes peu qualifiés. Il y a là un écart flagrant entre les discours sur les bienfaits du temps partiel pour les femmes et cette réalité d'un travail qui ne leur permet pas de gagner leur vie.Ce type d'emploi leur permettrait de concilier leur vie de mère et leur travail, entend-on souvent : ce n'est absolument pas le cas, puisqu'il s'agit bien souvent d'horaires décalés, de travail le week-end, à l'aube ou en nocturnes."Quelles actions mener pour réduire le temps partiel subi ?M.M. : "Maintenant que l'on en connaît les dégâts et les ravages, la priorité serait de réguler ces formes d'emploi. On encadre bien les CDD, l'intérim ; le temps partiel devrait l'être aussi."En savoir plus  

  •  Le site de l'Observatoire des inégalités, organisme indépendant qui conduit et publie des analyses sur les inégalités dans tous les domaines : éducation, emploi, revenus, âges
  •  L'enquête de l'Institut de veille sanitaire sur le temps partie subi : "Emploi atypique et troubles dépressifs en France à partir de l'Enquête décennale santé 2003"
  •  Travail et emploi des femmes

Margaret Maruaniéd. La Découverte, coll. Repères, 2006 (3ème édition)122 pages

(Interview réalisée en mars 2010)Rédigé par Aurélie DjavadiPublié le 10/01/2011

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