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Il se met nu devant les CRS pour protester contre la loi Travail

Jonathan Konitz, photoreporter pour le quotidien "Ouest-France", raconte les circonstances dans lesquelles il a immortalisé les fesses d'un manifestant. 

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un homme nu devant les CRS, lors d'une manifestation contre la loi Travail, à Caen (Basse-Normandie), jeudi 26 mai 2016.  (JONATHAN KONITZ / MAXPPP)

"Les manifestations, ce ne sont pas que des grenades lacrymogènes, des casseurs, des affrontements avec la police... C'est aussi des petits moments qui sortent de l'ordinaire." Photoreporter à Caen (Calvados) pour le quotidien Ouest-France, Jonathan Konitz a immortalisé, jeudi 26 mai, les fesses d'un manifestant, déjà qualifié par les internautes de fier représentant du mouvement #NuDebout

Un cliché obtenu "par chance", explique le journaliste, qui couvrait la manifestation contre le projet de loi Travail quand il aperçu un homme en train de se dévêtir. "Le cortège voulait emprunter un pont, mais les forces de l'ordre s'y étaient installées pour en bloquer l'accès", poursuit-il. A ce moment-là, le cortège est encerclé par la police. "Manifestants et policiers se faisaient face, sans que la situation soit tendue pour autant. Puis cet homme s'est déshabillé tranquillement et s'est avancé vers les policiers."

Montrer "qu'ils n'étaient pas armés, ni violents"

S'il est courant que quelques manifestants viennent défier les forces de l'ordre au plus près, celui-ci est resté à distance, poursuit Jonathan Konitz, qui interprète ce geste comme "une façon de montrer qu'eux n'étaient pas armés, ni violents".

"Je ne sais pas si son geste était planifié ou s'il a agi sur un coup de tête, indique le journaliste, mais tous les appareils photo se sont évidemment mis à mitrailler. Et lui ne manquait pas de se retourner pour faire face à la foule, dans une ambiance qui restait malgré tout bon enfant." Si la manifestation a donné lieu à des scènes beaucoup plus difficiles, comme ce militant frappé à coups de matraque dans une autre rue de la ville, ce cliché offre une parenthèse insolite dans cette actualité sociale tendue. "C'est sans doute ce qui a plu dans cette photo, son côté décalé", imagine Jonathan Konitz. 

Aussitôt publiée sur les réseaux sociaux, la photo a été massivement relayée, dans des proportions qui étonnent encore le photographe. "Quand on couvre une manifestation, on a l'habitude de chercher les images fortes, les slogans forts, les drapeaux, les gueules... Disons que ça change", sourit-il. A moins que la tendance #NuDebout ne se répande ? A Paris, quelques heures plus tard, un manifestant tombait à son tour la chemise (et le reste), sur la place de la Nation.

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