La ferme d'hôtes de Sylvie Conreau
Comment s'articule cette ferme d'hôtes ? Aujourd'hui, la bâtisse abrite deux gîtes, trois chambres d'hôtes, un magasin fermier et la famille. Une oeuvre titanesque que cette trentenaire poursuit avec passion et dévouement.
Une journée de travail marathon
Il est 7 heures. Une nouvelle journée de travail débute pour Sylvie, 30 ans, mère de deux enfants, de 6 et 3 ans. Après un rapide petit déjeuner, elle prépare la table pour accueillir les premiers lève-tôt. Depuis huit ans, elle a vu défiler des milliers de couples et de famille, français et étrangers, des habitués, des saisonniers venus faire de la randonnée, skier ou chasser, des touristes de passage, à Pâques ou à Noël... Des allées-venues qui sont loin de lui déplaire. « Les gîtes c'est bien, mais avec les chambres d'hôtes, je me sens plus proche des clients. Le contact est direct, ils mangent dans ma cuisine, c'est chaleureux... » 9h30, direction la ferme familiale, située deux kilomètres plus loin. C'est là que Sylvie a grandi et qu'elle fabrique elle-même les produits des vaches laitières élevées par sa mère. Munsters, bargkass, beurre, yaourts, fromages, bibeleskass, confitures de montagne, tous ces produits fermiers régionaux alimentent un petit magasin, « ouvert que l'après-midi ». Là entre deux clients, Sylvie en profite pour s'occuper de l'administration, tout en surveillant ses enfants lorsqu'ils ne sont pas à l'école. Repas en famille vers 19 heures, avec son mari Christophe, occupant un emploi dans une entreprise locale, qui « un jour quittera son travail pour donner un coup de main à la ferme. »
Un travail titannesque pour créer la ferme d'hôtes
Sylvie tient les rênes de la ferme du Schoultzbach depuis 1996, date à laquelle elle a racheté à la mairie d'Orbey (Haut-Rhin), cette immense bâtisse de 900 mètres carrés, laissée à l'abandon. Aujourd'hui, cette ferme typique de la montagne alsacienne abrite au rez-de-chaussée la famille Conreau, au premier étage deux gîtes, ouverts en 1997, et un magasin fermier installé dans l'ancienne étable. Trois chambres d'hôtes ont été aménagées dans l'ex-grenier à foin et sont disponibles depuis trois ans. « Les travaux de rénovation et d'installation ont été énormes, précise Sylvie. Nous avons bénéficié de subventions de la Région Alsace, du Ministère de l'Agriculture et même de l'Europe, mais uniquement pour le gros oeuvre, et plafonnées. Heureusement que mon mari est bricoleur... » A l'heure actuelle, la rénovation de la ferme se poursuit, auto-financée par les revenus générés par les gîtes, les chambres et le magasin. « L'ensemble fonctionne bien, est financièrement rentable, mais parce que je fais tout pour que cela soit le cas ! »
Du travail mais pas de vacances
En tant qu'ancienne diplômée d'un BTS commercial, Sylvie possède la bonne formation pour vendre et promouvoir les charmes de sa ferme. Site Internet, référencement sur des sites annexes, ferme labellisée par les Gîtes de France, classement « trois épis » des gîtes et chambres, passion pour l'histoire et la culture locale, désir de vanter sa région auprès de sa clientèle, Sylvie s'investit sans compter. « C'est très prenant. Il faut avoir beaucoup de temps et choisir ses priorités. Par exemple, nous ne partons jamais en vacances. Nous n'avons aucun week-end de libre. Même si rien ne nous empêche de bloquer quelques jours... » La fréquentation est en baisse deux mois dans l'année, et atteint son pic de mars à septembre. « Mais même en période basse, il y a toujours quelqu'un dans la maison... »
Avoir la vocation pour le métier
Epanouie, la jeune agricultrice ne changerait pour rien au monde sa situation actuelle. « C'est un métier agréable et valorisant. On ne me l'a pas imposé. Je l'ai choisi. Ceux qui pensent que c'est facile, qui le pratiquent uniquement par intérêt financier ou par jalousie parce que leur voisin le fait, se trompent. Leur affaire est voué à l'échec, les client se plaignent... » Sylvie recommande de ne pas se lancer à la légère, de bien réfléchir au projet. Si la passion de l'accueil est la plus forte, si on est prêt à être disponible, à s'investir, alors « il faut tenter l'aventure ! »
Rédigé par Corinne Dillenseger Publié le 22/03/2010
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