: Édito L'Angle éco : "En France, on travaille quatre mois par an et par habitant"

Voilà quinze ans que gauche et droite s'empoignent sur la question des 35 heures... Et si ça n'était pas vraiment le problème ?

Trente-cinq heures, c'est la durée légale du travail. La durée réelle de travail est sensiblement supérieure : elle dépasse 40 heures hebdomadaires, à cause des heures sup' et de la prise en compte des artisans, professions libérales et commerçants, qui tirent la moyenne vers le haut.

Seulement 40% des Français ont un travail

Encore faut-il tenir compte des congés annuels et des jours fériés. Pour avoir une mesure plus juste de la durée du travail, il est donc préférable de l'annualiser. Un Français travaille, en moyenne, 1.489 heures par an, selon l'OCDE. C'est l'une des durées les plus faibles du monde développé, mais c'est davantage qu'en Allemagne (1.388 heures), qu'aux Pays-Bas et qu'au Danemark, qui ne sont pas précisément des pays qui marchent mal !

Cette mesure reste pourtant trop imprécise encore. Car il faut tenir compte de ceux qui ne travaillent pas, les jeunes et les seniors, ainsi que les sans-emploi. Le problème français, ce n'est pas le faible nombre d'heures de ceux qui exercent une activité professionnelle : il est compensé par une forte productivité. Le problème, c'est que ces travailleurs sont trop peu nombreux. Seulement 40% des habitants de notre pays, tous âges confondus, sont "au boulot". C'est bien davantage ailleurs, où la durée d'une carrière est plus longue.

La France, le pays de l'OCDE qui travaille le moins

Si l'on prend l'ensemble des heures travaillées en France sur une année, divisées par le nombre d'habitants, on arrive à 605. Six cent cinq heures par an et par habitant, voilà la vraie mesure du temps de travail français. Ce qui fait quatre petits mois seulement, en moyenne... Contre 700 heures en Allemagne, 800 aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, et près de 1.100 heures en Corée du Sud.

Selon cette mesure, la plus fiable, la France est le pays qui travaille le moins de toute la zone OCDE. Et cela explique pourquoi les charges et les impôts sont si élevés chez nous : la base sur laquelle on les prélève, les actifs, est étroite. Alors que le coût de la redistribution est très élevé, car les inactifs sont nombreux. Cela explique également le déficit budgétaire persistant, qui mesure l'écart entre les charges et les ressources.