Dette grecque, croissance en panne, déséquilibres en Europe...l'Euro est-il en cause ?
Le débat sur le rôle de l'Euro dans les crises qui touchent l'Europe prend de l'ampleur.
Témoin, le dernier livre du député Nicolas Dupont-Aignan, "l'Arnaque du siècle", un réquisitoire efficace et argumenté contre la monnaie unique et la politique de la BCE.
L'ex député UMP a du style, des arguments et une sérieuse conviction dans sa dénonciation de l"Euro. Qu"on le suive ou non dans sa démonstration, on ne peut qu"être touché par certaines de ses affirmations quand on voit les problèmes qui touchent l"Europe et sa monnaie.
Les preuves qu'il apporte à sa démonstration portent. Notamment lorsqu'il cite des chiffres de Baverez sur l'"euthanasie des entreprises": "L'industrie ne représente plus que 14% de la valeur ajoutée, contre 21% en Italie et 31 en Allemagne". Des chiffres parmi d'autres assénés par Nicolas Dupont-Aignan. Des arguments certes à sens unique...mais qui font la richesse du livre.
Nicolas Dupont-Aignan est un homme politique singulier. Gaulliste, il se réfèrait à Philippe Séguin dans son combat contre Maastricht. Député, il est seul. Président de parti, son «Debout la République» semble rester groupusculaire.
De Gaulle était seul aussi vous dirait-il. Pas étonnant, alors, que dans son livre, certaines phrases auraient pu être signées du grand homme. Du Général, il a gardé des termes: nation, république, France , ambition, unité... Une unité que NDA (non pas de faute de frappe, Dupont-Aignan n"a pas rejoint Besancenot...) revendiquerait volontiers lors de la prochaine présidentielle (s'il obtient ses signatures).
l'Euro est le cheval de Troie de la mondialisation
Dans son livre de 150 pages, NDA rappelle les rêves suscités par les europhiles (n'hésitant pas à ressortir certaines citations qui font mal aujourd'hui), puis démontre les démarches inéluctables liées à l'euro (le dernier accord de stabilité) avant de conclure en faveur d'un retrait de l'Euro.
On connaissait les attaques de Marine Le Pen contre l'Euro. Celles de Nicolas Dupont-Aignan, qui a de solides références économiques (énarque) ont parfois un parfum anticapitaliste surprenant de la part de ce franc-tireur de droite : "l'Euro est le cheval de Troie de la mondialisation ultralibérale en Europe", écrit-il. A l'appui de sa thèse, il montre comment certains pays européens ont su profiter de leur non-adhésion à la monnaie européenne, comme la Suède, dont la croissance ferait pâlir notre gouvernement.
Dupont-Aignan élargit ses attaques en visant l'ensemble des décisions qui ont visé à, petit à petit, limiter le champ d'action des politiques, depuis Giscard, vis à vis de l'économie. L'euro n'étant que l'aboutissement de cette évolution. Il a ainsi des pages fortes sur la composition du comité stratégique de l'agence France Trésor, l'organisme public chargé de gérer la dette. Une composition qui montre une totale imbrication du public (qui emprunte) et des banques privées (qui prêtent). Une situation qui amène NDA à citer Jefferson: "Je pense que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées entières prêtes au combat".
Le mérite du livre est d'ouvrir un débat sur un sujet de moins en moins tabou. Un débat qui pourrait surgir pendant la campagne présidentiel avec un effet qu'on ne mesure peut être pas aujourd'hui. Comme on ne mesurait pas l'ampleur du non au traité constitutionnel six mois avant le référendum...
L'arnaque du siècle
par Nicolas Dupont-Aignan
Editions du Rocher
150 pages-13euros
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