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Dérapage du déficit : le gouvernement sous pression de la droite et de la Cour des comptes

"Ce que dit la Cour des comptes est vrai", a reconnu Jean-Marc Ayrault, qui n'envisage toutefois pas de présenter une loi de finances rectificative.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Jean-Marc Ayrault, le 26 juin 2013, durant les commémorations pour le centenaire d'Aimé Césaire, à Fort-de-France, en Martinique. (JEAN-MICHEL ANDRE / AFP)

"Je pense que pour 2013, malheureusement, du fait de l'absence de croissance, ce que dit la Cour des comptes est vrai. Mais à la fin de l'année, nous verrons." Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a reconnu jeudi 27 juin que la Cour des comptes avait raison de craindre un dérapage du déficit public en 2013 par rapport aux prévisions. Une déclaration qui vient clore une semaine de polémiques sur la sincérité du budget 2013. Francetv info revient sur les passes d'armes échangées depuis lundi entre majorité et opposition.

Acte 1 : les députés UMP signalent un "dérapage" du déficit public

En début de semaine, le président de la prestigieuse commission des finances de l'Assemblée nationale, le député UMP Gilles Carrez, lance un pavé dans la mare. Selon lui, le déficit de l'Etat va déraper de 20 milliards d'euros en 2013. A la fin de l'année, il dépasserait ainsi les 80 milliards, contre 61,6 milliards prévus par la loi de finances. Ils en profitent pour réclamer un collectif budgétaire, c'est-à-dire une loi de finances rectificative.

Explication : les recettes fiscales seront, toujours selon Gilles Carrez, moins élevées qu'attendu par le gouvernement. La faute à une croissance toujours en berne, qui ferait perdre 15 milliards d'euros, tandis que le gouvernement anticipait une perte de seulement 8 milliards. Par ailleurs, les députés UMP estiment improbable que l'impôt sur le revenu rapporte 20 milliards d'euros de plus que l'année précédente, comme s'y attend le gouvernement. Quant aux dépenses de l'Etat, elles déraperont de 4 à 5 milliards d'euros, prédit Gilles Carrez.

Acte 2 : la majorité dénonce "un mensonge"

Dès mardi, Pierre Moscovici, interrogé sur RTL, renvoie l'opposition dans ses cordes. "Je trouve ces députés de l'opposition singulièrement gonflés. Là où il y a un énorme mensonge de la part de la droite, c'est que contrairement à eux, nous tenons les dépenses", réplique le ministre des Finances. Une façon de renvoyer la droite à son bilan.

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Sur le fond, le rapporteur de la commission des finances, Christian Eckert (PS), conteste les chiffres avancés par Gilles Carrez : "Non, 20 milliards" supplémentaires, "c'est évidemment bien exagéré", affirme l'élu, jurant qu'il n'y a "pas d'impasse budgétaire".

Acte 3 : la Cour des comptes évoque à son tour un dérapage

Jeudi, un rapport rendu par la Cour des comptes tombe plutôt mal pour la communication gouvernementale. Les magistrats financiers estiment que si la croissance fin 2013 s'avère inférieure à la prévision du gouvernement (0,1%), alors le déficit public dérapera. Ce dernier pourrait atteindre 3,8% à 4,1% à la fin de l'année, au lieu des 3,7% prévus.

Pour colmater les brèches, la Cour des comptes préconise des mesures d'urgence permettant d'économiser 13 milliards d'euros en 2014 et 15 milliards en 2015 : gel du point d'indice des fonctionnaires, désindexation des prestations sociales, limitation des dépenses de la sécurité sociale.

Acte 4 : Ayrault reconnaît que la Cour a raison, mais jure que les dépenses seront contenues

"Je pense que, pour 2013, malheureusement, du fait de l'absence de croissance, ce que dit la Cour des comptes est vrai. Mais, à la fin de l'année, nous verrons", a reconnu Jean-Marc Ayrault jeudi, en déplacement à Fort-de-France. Mais le Premier ministre a aussi souligné que, contrairement à l'UMP, la Cour des comptes "ne demande pas de collectif budgétaire". Il a également souligné qu'il n'y avait "pas de dérapage sur les dépenses".

"La Cour des comptes est indépendante. Elle fait ses observations, elle donne son diagnostic, mais ce n'est pas elle qui fait la politique du gouvernement", a encore dit le Premier ministre. "C'est au gouvernement, avec le Parlement, de trouver les bonnes solutions."

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