Défaite au Sénat : l'UMP cherche les responsables

Leurs relations n'ont pas toujours été au beau fixe. Mais 48h après le cuisant revers de la droite aux sénatoriales, Christian Estrosi a défendu mardi la politique de Nicolas Sarkozy, taclant au passage celle du patron de l'UMP, Jean-François Copé.

Reconnaissant une défaite "nette, claire, précise incontestable et surtout prévisible" aux sénatoriales, le député-maire UMP de Nice a expliqué les échecs de la droite aux élections locales par le fait que "le gouvernement et le président de la République ont donné plus de priorité à de grandes réformes nationales, pour faire face à des crises importantes".

"La vérité, c'est qu'il a modernisé, réformé, endigué les déficits publics", a vanté l'ancien ministre sur RTL.

"Qu'est-ce qui vaut mieux dimanche, perdre les sénatoriales et garder AAA, ou gagner les sénatoriales et nous retrouver avec BBB ou CCC à l'identique de la Grèce, l'Italie, l'Espagne ?". "L'enjeu était là : mettre le paquet sur des réformes nationales qui nous permettent de garder notre compétitivité et rester un leader mondial ou perdre les élections locales", selon M. Estrosi.

Copé, critiqué

S'il s'est fait le chantre de la stratégie présidentielle, l'élu niçois ne s'est en revanche pas privé de mettre en cause celle de l'UMP. "Je n'ai pas vu, depuis six mois, de grands colloques, de grandes conventions, pour préparer un projet pour les sénatoriales", contrairement aux présidentielle et législatives, a argumenté M. Estrosi.

Ce n'est pas la première fois qu'il critique la ligne suivie par Jean-François Copé. En juillet dernier, le maire de Nice avait critiqué la multiplication des conventions sur les 35 heures, l'immigration déclarant : "ça devient inaudible". "J'aime la démocratie interne", avait-il ajouté, en faisant valoir que Nicolas Sarkozy avait été "élu président de l'UMP" alors que Jean-François Copé avait "été désigné".

Plusieurs membres de la majorité partagent cet avis. En privé, le premier Ministre, François Fillon, reproche à Jean-François Copé son manque d'intransigeance envers les frondeurs qui, en présentant des listes dissidentes, ont accentué le revers de la droite dimanche, au Sénat. Symbole de cette trahison ? Pierre Charon, l'ex "ami de Sarkozy".

Pour la direction de l'UMP en revanche, il n'y a pas de "cas" Charon. "On aurait menacé de le fusiller en place publique, ça n'aurait rien changé à sa volonté d'y aller", soutient-on, rue La Boétie.

"Un avertissement sérieux" pour 2012

Outre la "tendance à la division (...) suicidaire" de l'UMP, Alain Juppé pointe aussi "le contexte général d'inquiétude qui se reflète à tous les niveaux de l'électorat" et par "la crise est mondiale" qui "peut expliquer certains comportements de la part des électeurs".

A sept mois de la présidentielle, le ministre des Affaires étrangères prône calme et retenue : "Ne nous laissons pas paniquer par l'événement et gardons notre sang-froid", a-t-il dit en appelant toute fois "au rassemblement et à l'unité".

"Ce serait une grande erreur d'appréciation d'extrapoler ce résultat pour la présidentielle, un scrutin qui est fondamentalement différent à la fois par le corps électoral, par les enjeux et par la personnalité des candidats", avance-t-il encore.

Un point de vue quelque peu divergent de celui de Bruno Le Maire. Le ministre de l'Agriculture a estimé lui qu'elle constituait "un avertissement sérieux" pour la majorité.