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Une Fête du travail au goût amer dans l'Espagne en crise

Alors que les Espagnols sont appelés à manifester contre l'austérité aujourd'hui, journaux et chroniqueurs commentent ce 1er-Mai très particulier pour le pays. Revue de presse. 

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des milliers d'Espagnols protestent contre les coupes budgétaires dans les domaines de l'éducation et de la santé, le 29 avril 2012 à Madrid.  (DANIEL OCHOA DE OLZA / SIPA / AP)

Pour l'Espagne en récession, "ce n'est pas un 1er-Mai comme les autres". Les deux principales organisations syndicales - la Confédération syndicale des commissions ouvrières (CC OO) et l'Union générale du travail (UGT) - appellent des milliers d'Espagnols à descendre dans la rue, aujourd'hui, dans plus de 80 villes, afin de célébrer une Fête du travail amère. Dès le début de matinée, les internautes ont donné le ton de cette journée sur Twitter. 

"Bonne Fête du travail à tous ceux qui ont le privilège d'en avoir un."

"Aujourd'hui, c'est la Fête du travail. Le jour du chômage c'est pour quand ?"

"Bonjour. #FollowTuesday à tous ceux qui ne peuvent pas célébrer la Fête du travail aujourd'hui car ils restent au chômage. Courage et bonne chance."

Inquiétude pour l'avenir, nostalgie du passé

Dans de nombreux éditoriaux ou chroniques publiés ce mardi matin, les inquiétudes transparaissent. "Les derniers chiffres [du chômage] montrent que la solution n'est pas facile et que, malheureusement, la destruction de l'emploi va continuer en 2012", note le journal de droite La Vanguardia dans son éditorial du jour (à lire en espagnol). Pour le quotidien, "démontrer que la rue n'est pas la solution exige beaucoup de courage"

Dans une tribune publiée dans ce même journal, la journaliste Pilar Rahola va plus loin : "Aujourd'hui, le droit que nous devons défendre n'est pas celui du 'comment travailler', mais de 'comment continuer à conjuguer ce verbe'." 

L'heure est même à la nostalgie, dans le courrier des lecteurs d'El País (centre-gauche). L'auteur regrette le temps où "l'on pouvait aller au cinéma, en fin de semaine", au musée ou à la bibliothèque. "Et si nous n'allons plus dans ces fantastiques espaces, c'est en raison du prix de l'essence."

Les syndicats sous pression

Dans ce contexte, l'enjeu est de taille pour les syndicats. Et de fait, le 1er-Mai espagnol revêt des traits plus politiques. Les principales organisations entendent en effet protester contre la réforme du travail engagée en Espagne et les coupures budgétaires et sociales menées par le gouvernement de Mariano Rajoy. Et réclamer "travail, dignité et droits" pour tous.

Quelques unes de journaux espagnols, ici celles de "ABC" et de "El Mundo", le 1er mai 2012.  (DR)

Mais, pour eux aussi, la situation se corse. El País (en espagnol) estime que "les syndicats célèbrent aujourd'hui un 1er-Mai très compliqué pour eux". Leurs relations avec le nouveau gouvernement ne sont pas au beau fixe, et le chômage n'arrange rien. Cruz Villalón, universitaire cité par le journal, explique : "Avec les chiffres du chômage, [les syndicats] perdent du poids auprès de la population. N'oublions pas qu'ils s'occupent des salariés." 

Aubaine pour les journaux conservateurs, qui profitent de ce 1er-Mai de crise pour dénoncer la "faiblesse" des organisations syndicales. Tout en saluant les réformes difficiles que le gouvernement a réussi à mettre en œuvre, La Razòn dénonce "le refus [des syndicats] à apporter des solutions aux nouveaux défis".

Le quotidien de droite espagnol "La Razòn" titre sur "ceux qui ne manifestent pas", le 1er mai 2012.  (LA RAZON / DR)

Mais au-delà des responsabilités et des critiques, ce 1er-Mai espagnol sera surtout celui de la lutte contre l'austérité.  

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