Emprunter à taux négatif, est-ce vraiment une bonne chose pour la France ?
Pour le gouverneur de la Banque de France, "c'est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle", car elle témoigne de l'écart qui se creuse dans la zone euro.
C'est une première. Lundi 9 juillet, la France a emprunté 6 milliards d'euros à des taux négatifs : 3,917 milliards d'euros à -0,005% pour des titres de dette à échéance le 11 octobre, et 1,993 milliard d'euros à -0,006% pour des placements à échéance le 27 décembre. Mais est-ce vraiment une bonne nouvelle ? FTVi fait le point.
• Emprunter à des taux négatifs, ça veut dire quoi ?
Pour le dire autrement, les investisseurs prennent le risque de perdre de l'argent pour prêter à la France. Concrètement, ils ont demandé pour 20,4 milliards de bons français alors que 7,7 milliards devaient être adjugés. Il y avait trop de demandes de prêts et "c'est à cause de cet excès de demande que les taux d'intérêts sont passés au négatif", explique Le Figaro.
• Une bonne nouvelle pour la France…
L'Hexagone a rassuré les marchés, qui considèrent que la France est un placement sûr. Pour le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, "c'est une bonne nouvelle, en ce sens qu'elle montre la crédibilité de notre pays dans sa stratégie de retour à l'équilibre des finances publiques, dont on ne peut que se féliciter". Un haut fonctionnaire européen a d'ailleurs fait cette comparaison : "Quand vous placez vos bijoux dans un coffre-fort, vous êtes prêts à payer pour cela."
Avec ses taux négatifs, la France rejoint ainsi le club très fermé des pays qui ont emprunté dans de telles conditions cette année, comme l'Allemagne, le Danemark, les Pays-Bas, ou encore la Finlande. Toutefois, l'absence de paiement d'intérêts est appréciable sur le plan comptable, mais marginale, note Le Monde.
• … qui en dit long sur la mauvaise image de l'Europe
Ces taux négatifs sont "à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle", a nuancé Christian Noyer. Car d'après lui, c'est "la marque d'un certain dysfonctionnement des marchés à l'intérieur de la zone euro". D'après Les Echos, "l'engouement des investisseurs pour la dette française est lié à la crise et aux craintes d'un éclatement de la zone euro. L'Allemagne est la première bénéficiaire de ces inquiétudes, mais les investisseurs se reportent aussi sur la France, qui fait office de "second meilleur choix" dans la zone euro, tant sa dette est liquide. Au pays des aveugles, les borgnes sont rois.
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