Colère des agriculteurs : la FNSEA remet la pression, le gouvernement sur ses gardes

Plusieurs réunions sont programmées entre l'exécutif et les syndicats, qui menacent de mener de nouvelles actions si la réponse du gouvernement n'est pas assez rapide.
Article rédigé par franceinfo
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Gabriel Attal avait rencontré des agriculteurs sur une exploitation de Haute-Garonne, le 26 janvier 2024. (NATHALIE SAINT AFFRE / MAXPPP)

Les agriculteurs font de nouveau monter la pression et l'exécutif est aux aguets. La FNSEA et les Jeunes agriculteurs sont attendus mardi 13 février, à 16h30, à Matignon, officiellement pour faire le point sur les avancées concrètes, moins de deux semaines après les annonces du gouvernement. Lundi matin sur franceinfo, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a pourtant exhorté l’exécutif à accélérer le tempo sous peine de reprendre les blocages. Mercredi, c'est Emmanuel Macron qui va reprendre le dossier en main, en recevant pour la première fois depuis le début de la crise des syndicats agricoles, la Confédération paysanne et la Coordination rurale. Car l'exécutif a une obsession : éviter que la colère ne reparte de plus belle.

Certes les tracteurs sont rentrés dans leurs fermes, mais ils peuvent très bien faire demi-tour. Les agriculteurs se tiennent prêts à bloquer des autoroutes ou à déverser leurs cargaisons devant les préfectures. Les syndicats, notamment la FNSEA, enchaînent coups de pression et surenchères à quelques jours du Salon de l'agriculture, qui commencera le 24 février prochain. Car les agriculteurs veulent que les résultats arrivent plus vite.

Réunion de travail au ministère de l'Agriculture

"C'est un jeu de pression normal, un jeu de rôles", relativise un conseiller, rappelant que 400 millions d'euros ont bien été mis sur la table et que le projet de loi d'orientation agricole reporté sera présenté en Conseil des ministres avant fin février. Pour le travailler, tous les députés de la majorité étaient invités au ministère de l'Agriculture mardi matin. L'entourage du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau et de sa ministre déléguée Agnès Pannier-Runacher s'échine à rappeler que les annonces vont finir par porter leurs fruits, que "les choses avancent".

Sur les mesures de simplifications immédiates promises par Gabriel Attal, Emmanuel Macron a demandé aux préfets de lui faire des remontées avant que les syndicats ne soient reçus à l'Elysée. Sur le plan écophyto, les ONG de défense de l'environnement ont claqué la porte d'une réunion du comité d'orientation et de suite lundi. L'exécutif fait donc face à une double pression : tenir ses engagements (en l'occurrence, la baisse de 50% de l'usage des pesticides d'ici à 2030) et en même temps préserver la paix sociale avec les agriculteurs, au risque de donner l'impression qu'il sacrifie l'un au bénéfice de l'autre.

"Attention au retour de bâton"

Ces consultations à l'Élysée, mercredi et la semaine prochaine, sont-elles le signe qu'Emmanuel Macron reprend le dossier en main ? "Rendez-vous habituel", minimise l'entourage du président. La réalité est plus nuancée. Le chef de l'État a été plutôt épargné par la crise, à bonne distance, au prix d'une impeccable répartition des rôles. Il demande aux préfets de se mobiliser, négocie depuis Bruxelles sur le volet européen (les jachères, le traité de libre-échange Mercosur et la concurrence des produits importés d'Ukraine), quand Gabriel Attal gère sa première crise politique. Le président a seulement remis le nez dehors la semaine dernière. Un déplacement en catimini, sans micro, sans caméra, dans une exploitation du Doubs. "Le président, c'est notre dernière cartouche", se réjouit un député impatient.

Les premiers syndicats attendus à l'Élysée mercredi sont considérés comme les plus durs, la Confédération paysanne, marquée à gauche, et la Coordination rurale, proche du Rassemblement National. La semaine prochaine, ce sera au tour de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs. "Il ne faut pas oublier que ce mouvement n'est pas parti de la FNSEA mais bien de la base", explique un conseiller. Pour Emmanuel Macron, plus possible de se cacher. "Attention au retour de bâton", l'avertit un de ses alliés. Le 24 février, le président prévoit d'inaugurer, comme chaque année, le Salon de l'agriculture. Il se prépare à un véritable marathon dans les allées mais veut éviter les jets d'œufs, les sifflets ou les huées - bref, la photo ratée.

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