L'Espagne en grève contre l'austérité
Dès les premières heures de la journée, les syndicats parlent déjà d'un "immense succès" . À Madrid, les piquets de grève ont fleuri un peu partout pendant la nuit, devant le marché de gros de la ville, aux portes des entreprises, en face des stations de transports en commun. Parfois dans une ambiance électrique : tôt ce matin, 58 personnes ont été interpellées, six policiers et trois grévistes légèrement blessés.
Une centaine de villes est touchée par le mouvement, à l'appel des syndicats Comisiones Obreras et UGT. Ils dénoncent une réforme du marché du travail approuvée par le gouvernement de droite le 11 février, pour lutter contre un taux de chômage record, 22,85% des actifs. Mais pour les grévistes, cette réforme risque d'aggraver les choses, et le gouvernement lui-même prévoit un chômage à 24,3% en fin d'année, et la destruction de 630.000 emplois.
Une réforme pour "licencier les gens plus facilement et avec moins d'argent"
Les syndicats appellent à "une grande journée, une marée démocratique" , alors que les Espagnols expriment un ras-le-bol général face au contexte d'austérité, à la veille de la présentation d'un projet de budget très contesté. Cette journée de grève générale est la sixième depuis le rétablissement des libertés syndicales en 1977. La précédente remonte au 29 septembre 2010, sous le gouvernement socialiste.
"Je comprends qu'ils fassent grève" , explique un employé madrilène. "La réforme ne servira qu'à licencier les gens plus facilement et avec moins d'argent." Pourtant, l'ampleur du mouvement pourrait être limitée par plusieurs facteurs. D'abord un accord de service minimum conclu entre les syndicats et les pouvoirs publics (à Madrid, 30% des métros et bus doivent circuler aujourd'hui, les services de santé sont assurés comme un jour férié). Mais aussi le souci de nombreux Espagnols de ne pas perdre une journée de travail. En période de rigueur, chacune d'elle compte.
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