Comment des Etats au bord de la faillite s'en sont sortis
L'Irlande, l'Islande, la Lettonie ou encore la Corée du Sud ont connu de graves difficultés, les contraignant à faire appel au FMI. Après avoir pris diverses mesures souvent sévères, ils vont mieux.
La Grèce est à deux doigts de la banqueroute. Malgré les plans d'aide soutenus par l'Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI), le pays s'enfonce dans la récession et n'est pas parvenu à établir une majorité parlementaire afin de rassurer ses créanciers étrangers. Résultat, l'hypothèse de sa sortie de la zone euro se rapproche. Dans des situations critiques eux aussi, d'autres pays comme l'Irlande, l'Islande, la Lettonie ou encore la Corée du Sud ont réussi à s'en sortir après avoir demandé l'aide du FMI. FTVi vous explique comment.
• Avec une (grosse) cure d'austérité
La Lettonie a été frappée de plein fouet par la crise bancaire de 2008. Le FMI avait alors accordé un prêt de 7,5 milliards d'euros à Riga. La cure d'austérité imposée au pays en échange a été l'une des plus dures en Europe sans créer pour autant une importante contestation sociale. Pourtant, les coupes dans les salaires des fonctionnaires ont parfois atteint 80%. Les services publics ont été diminués avec des fermetures d'écoles et d'hôpitaux. La TVA est passée de 18% à 22%. Si bien que le Fonds avait salué les efforts du pays balte en 2010, rappelle Le Figaro.fr.
Finalement, en 2011, le montant des réductions dues à la rigueur s'est élevé à plus de 16% du PIB. L'économie du pays a redémarré. "Les investissements ont repris et le chômage diminue", indiquait Le Figaro la même année. Dans la foulée, l'agence de notation Standard & Poor's avait d'ailleurs relevé la note souveraine du pays, devenu un exemple de sortie de crise sans dévaluation.
L'Irlande a sollicité l'UE et le FMI en 2010 pour des financements s'élevant à 67,5 milliards d'euros. Le gouvernement a alors fortement réduit les coûts salariaux : -18 % dans le public. Et dans le privé, ils ont été diminués de 25 %.
Devenue plus compétitive, l'île a repris les exportations. En 2010, elles "ont augmenté à un rythme annuel de 13%, ce qui constitue le plus fort taux de progression depuis début 2001", se félicitait le ministre des Finances. En 2011, "plusieurs voyants macroéconomiques sont revenus au vert, même si la croissance fait toujours du surplace", rapportent Les Echos. Mais l'austérité est de moins en moins tolérée, selon La Tribune. D'après les sondages, les Irlandais risquent de voter "non" le 31 mai alors qu'ils doivent se prononcer sur l'adoption du Pacte budgétaire européen.
• En dévaluant sa monnaie
L'Islande a été victime de la crise de 2008, comme la Lettonie. Le FMI lui avait alors accordé un prêt de 2,13 milliards de dollars ( 1,76 milliard d'euros). La cure d'austérité envisagée au début de sa crise n'a finalement pas été retenue. L'Etat a choisi de procéder à un "ajustement budgétaire", raconte Mediapart (article abonnés), et un pacte de "stabilité sociale" a été signé en 2009, afin d'éviter les coupes dans le secteur social.
Surtout, la dévaluation de la couronne islandaise (qui a perdu 40% fin 2008) a permis de relancer les exportations d'aluminium et de poissons. Résultat : en 2011, l'Islande a connu un taux de croissance de 2,1% alors qu'elle était négative en 2009, à -9%. Le taux de chômage a diminué, passant de 10% en 2010 à 6% en 2011.
• En restructurant son économie
La Corée du Sud a fait appel au FMI en 1997 pour un plan de sauvetage de 46,4 milliards d'euros. Pour s'en sortir, la méthode a été radicale et profonde, plaçant le pays "au bord de l'explosion sociale", écrivait alors Libération. Concrètement, dans le secteur bancaire, la masse salariale a diminué de 40 % entre fin 1997 et fin 2000. Le marché du travail s'est davantage libéralisé.
Conséquence, Séoul a été l'une des premières capitales au monde à sortir de la crise de 2008. "Les efforts de restructuration de nos entreprises et de nos institutions financières durant la crise financière de 1997 ont apporté des fondations solides à notre économie", expliquait en 2009 au Figaro Lee Dong-keun, directeur adjoint au ministère du Commerce.
• En ne remboursant pas ses dettes
En Islande, à deux reprises, la population a décidé par référendum de ne pas sauver les banques privées. Reykjavik a refusé de rembourser certains créanciers étrangers, et n'a pas volé au secours de certaines établissements du pays, qui ont alors fait faillite. "L'Etat s'est contenté de racheter les actifs 'internes', c'est-à-dire les prêts des particuliers et des entreprises", raconte Mediapart. Le gouvernement a préféré conserver son État-providence.
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