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Crise de l'élevage : le contre-exemple d'une exploitation qui marche

La petite entreprise de Jean-François Gautheron ne connaît pas la crise. Éleveur de Saône-et-Loire, il a cessé de revendre sa viande aux hypermarchés pour se consacrer à une clientèle de particuliers qui lui passent commande via internet. Un modèle éloigné des difficultés de ses collègues.
Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Jean-François Gautheron élève des vaches en Saône-et- Loire et a choisi la vente directe par internet pour s’affranchir des intermédiaires © RF / Mathilde Lemaire)

"C’est 100% made in France, on est loin des frontières, même si elles se sauvent des pâtures, elles n’iront pas à l’étranger ! " "Elles ", ce sont les 200 vaches charolaises de Jean-François Gautheron, agriculteur de 52 ans de Saône-et-Loire. Il élève ses bêtes pour leur viande et fait figure de contre-exemple de la crise qui touche le secteur.

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Depuis dix ans, il a abandonné les industriels et ne livre que les particuliers. Ces derniers lui passent commande via son site internet. "Tous les matins en se levant, certains regardent la bourse, nous on regarde les commandes" , s’amuse-t-il à comparer.

Le portrait d'un éleveur heureux : reportage de Mathilde Lemaire

50.000 kilomètres de livraison

Six jours par mois, il prend le volant de son camion frigorifique avec sa femme Denise, et traverse la France pour livrer sa viande, jusque dans l'Oise ou l’Alsace au nord, jusqu'à Nice au sud.

Ils ont avalé 50.000 kilomètres cette année. "Les gens nous posent plein de question, c’est très valorisant " développe Denise. "C’est aussi ça la vente directe : ça n’est pas balancer un colis par la figure des gens, c’est apprendre à se connaître. C’est chouette quand on a un e-mail de retour des clients " ajoute son mari. 

Une cinquantaine de vaches et de veaux vendus par an

Le paysan nourrit ses vaches de son propre foin : des graines de lin produites à quelques kilomètres. Il ne fait pas du bio, mais cultive une approche raisonnée. Et malgré l'ouvrier à rémunérer quand ils sont sur la route, malgré l'essence, l’usure du camion et les nuits d'hôtels à Paris ou ailleurs, l'affaire reste intéressante pour le couple.

"Je préfère dire que ma clientèle me fait vivre plutôt que Bruxelle me fait vivre" - Jean-François Gautheron, éleveur.

Cette année, Jean-François Gautheron a ainsi vendu une cinquantaine de vaches et veaux "On a notre clientèle, ça tourne, on n’est pas couvert de dettes, on arrive à faire vivre nos enfants, à payer toutes nos factures et avec de moins en moins d’aides du gouvernement ".

Absence d'intermédiaires

La clé de cette réussite ? L’absence d’intermédiaires, contre lesquels grognent notamment les éleveurs en colère. "Le problème de la viande en hypermarché c’est le nombre d’intermédiaires que vous nourrissez entre. Nous, on a éliminé tous les intermédiaires, les animaux sont chez nous, on les emmène à l’abattoir, l’atelier de découpe nous emballe la viande et terminé ".

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Le désarroi de ses collègues, il le comprend mais ne le ressent pas : "aujourd’hui on veut que des grandes structures, on court après les américains alors qu’on a tendance à les haïr. Des jeunes endettés à 6.000 euros ça n’est pas normal ". 

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