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Vidéo Commerce mondial : "Elles s'en mettent plein les poches, c'est comme une mafia..." comment les compagnies de transport maritime font gonfler les prix

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"Elles s'en mettent plein les poches, c'est comme une mafia" : comment les compagnies de transport maritime font gonfler les prix
"Elles s'en mettent plein les poches, c'est comme une mafia" : comment les compagnies de transport maritime font gonfler les prix "Elles s'en mettent plein les poches, c'est comme une mafia" : comment les compagnies de transport maritime font gonfler les prix (Complément d'enquête / France 2)
Article rédigé par France 2
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Ces géants transportent la quasi-totalité des marchandises qui s'échangent dans le monde. Alors quand le trafic se grippe, les pénuries menacent... et la pandémie de Covid-19 n'est pas seule responsable. Un extrait de "Complément d'enquête" sur le monde des cargos chargés de conteneurs, un univers opaque qui obéit à ses propres règles.

Comme les autres grands ports commerciaux, celui de Hambourg (le troisième d'Europe) est engorgé par des milliers de conteneurs. Remplis de marchandises destinées à l'export, ils s'accumulent en attendant d'être embarqués. Depuis la pandémie, ce grand embouteillage fait tanguer le commerce mondial : 85% de nos biens de consommation nous arrivent par bateau. Mais est-ce vraiment la faute du Covid-19, ou bien certains acteurs du secteur profiteraient-ils de la situation ? 

Au port de Hambourg, le directeur décline toute responsabilité. Si les conteneurs sont bloqués, et les marchandises avec eux, c'est selon lui parce que les cargos ne viennent tout simplement pas les chercher le jour prévu : "Plus de 50% des navires sont en retard, et ça perturbe toute la chaîne logistique." Gunther Bonz n'hésite pas à pointer la responsabilité des compagnies maritimes, mais ces retards sont-ils intentionnels ?

Le "blank sailing", ou annulation d'escale, a explosé ces deux dernières années

"Complément d'enquête" a interrogé un spécialiste du transport maritime, l'économiste Olaf Merk. En analysant les itinéraires de centaines de cargos, il a découvert qu'un phénomène avait explosé ces deux dernières années : le recours au "blank sailing", ou annulation d'escale. La pratique est légale en cas d'avarie ou de retard à rattraper, mais ce qui interroge, c'est qu'elle est de plus en plus fréquente. En 2019, sur 100 escales prévues dans le monde, 82 étaient honorées. En 2021, ce chiffre est tombé à 67, selon une étude britannique.

Mathématiquement, la capacité de transport pour les conteneurs s'en trouve diminuée, et les prix augmentent en conséquence. Selon Olaf Merk, ils ont été multipliés par cinq pour un transport entre l'Asie et l'Europe. S'agit-il d'une stratégie délibérée de la part des armateurs ? Cette désorganisation est-elle entretenue pour faire monter les prix ?

"Les compagnies peuvent augmenter les prix, et diminuer les capacités de transport comme elles le veulent. Et si on regarde de plus près, elles s'en mettent plein les poches. Elles font leur propre loi. C'est comme une mafia. Et l'Union européenne laisse faire. A la fin du compte, c'est le consommateur comme vous et moi qui passe à la caisse !"

Un exportateur (l'un des leaders mondiaux du textile)

à "Complément d'enquête"

Un recours abusif des armateurs à l'annulation d'escales est en tout cas dénoncé par plusieurs professionnels du secteur contactés par "Complément d'enquête". Neuf groupes ultra-puissants, dont les trois premiers sont européens, assurent 83% du transport maritime mondial. En 2021, année où la pandémie battait son plein, leurs bénéfices ont été multipliés par six, pour dépasser 130 milliards d'euros.

Extrait de "Cargos : business en eaux troubles", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 7 avril 2022.

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