Traité avec le Mercosur : Ursula von der Leyen annonce que les négociations ont abouti, les Etats de l'UE doivent encore se prononcer sur l'accord

La France s'est publiquement opposée au texte, contesté par le monde agricole. Le feu vert de la Commission européenne au projet d'accord de libre-échange avec cinq pays sud-américains "n'engage pas les Etats membres", a réagi une ministre démissionnaire.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, entourée de plusieurs chefs d'Etat du Mercosur à Montevideo (Uruguay), le 6 décembre 2024. (EITAN ABRAMOVICH / AFP)

C'est l'issue que craignaient de nombreux agriculteurs. Depuis Montevideo, en Uruguay, Ursula von der Leyen a annoncé que les négociations entre la Commission européenne et les cinq pays du Mercosur sur un accord de libre-échange très contesté avaient abouti, vendredi 6 décembre.

"C'est une victoire pour l'Europe. (...) C'est un accord gagnant-gagnant", a déclaré la présidente de la Commission européenne, arrivée la veille dans ce pays d'Amérique latine. "La ligne d’arrivée de l’accord UE-Mercosur est en vue", avait-elle écrit sur X jeudi matin.

Mais les Etats membres de l'Union européenne doivent encore se prononcer sur cet accord de libre-échange, qui n'est pas encore entré en vigueur. Emmanuel Macron et le gouvernement de Michel Barnier s'étaient publiquement opposés à l'adoption du texte en l'état.

Dans des messages sur X, Annie Genevard, ministre de l'Agriculture démissionnaire, affirmait que "rien n'est terminé", tandis que Sophie Primas, son homologue au Commerce extérieur, écrivait que l'annonce d'Ursula von der Leyen "n'engage pas les Etats membres". Quelques minutes plus tard, leurs déclarations avaient été supprimées, sans explications.

La perspective d'une signature de cet accord est à l'origine de la mobilisation des agriculteurs français qui dure depuis fin novembre. "C'est un coup de poignard qui a été mis aux agriculteurs français", a réagi le vice-président de la FNSEA, Luc Smessaert, vendredi sur franceinfo.

Von der Leyen assure avoir "écouté" les agriculteurs

Beaucoup d'opposants au Mercosur estiment que la présidente de la Commission européenne profite de la chute du gouvernement de Michel Barnier en France pour imposer ce traité commercial entre l'Union européenne et l'Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay.

Si la Commission européenne négocie les accords commerciaux au nom des Vingt-Sept, ils doivent, pour entrer en vigueur, être ratifiés par au moins 15 Etats membres représentant 65% de la population de l'UE, puis par le Parlement européen. Outre la France, la Pologne et l'Italie ont exprimé leur opposition au projet d'accord sur le projet de traité en l'état, et l'Autriche et les Pays-Bas ont exprimé des réticences.

Le projet de traité, discuté depuis 1999, vise à supprimer la majorité des droits de douane entre l'Union européenne et le Mercosur, afin de créer un vaste marché de plus de 700 millions de consommateurs.

"C'est un accord qui bénéficiera aux deux" parties et "apportera des bénéfices significatifs aux consommateurs et aux entreprises" s'il est approuvé, a insisté Ursula von der Leyen vendredi. "Nous écoutons les préoccupations de nos agriculteurs et nous agissons en conséquence. Cet accord inclut des garanties solides pour protéger nos moyens de subsistance."

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