Surconsommation : des "culottes mécontentes" envoyées au ministère de la Transition écologique
Un mois après la diffusion de spots publicitaires incitant les consommateurs à la sobriété, la colère de certains commerçants ne retombe pas. "Action culottée", une association de commerçants indépendants spécialisés dans les sous-vêtements, se mobilise à son tour pour dénoncer "la maladresse" de la campagne de sensibilisation de fin novembre, qui incitait les consommateurs à ne pas acheter. Une campagne qui n'a pas plu aux commerçants ni même au ministre de l'Économie et des Finances.
En cette fin décembre, l'association réclame "en guise d’excuses et de dédommagement, un nouveau spot publicitaire courant 2024 mettant à l’honneur les commerces de proximité garants, selon elle, de l’attractivité des centres-villes, collecteurs d’impôts, créateurs d’emplois et travaillant dans une démarche de plus en plus éco-responsable pour une nouvelle économie plus vertueuse".
Des lingères ont envoyé ces derniers jours des "culottes mécontentes" au ministère de la Transition écologique et à l'Agence de la Transition écologique (Ademe), tous deux à l'initiative de cette campagne diffusée avant le Black Friday et à un mois de Noël. "On vit déjà une crise actuellement au niveau de l'habillement et avec cette publicité, ils incitent les gens à ne pas acheter de nouveaux produits, à consommer ce qu'ils ont, à la limite à aller dans les friperies mais pas à acheter de neuf", s'insurge mercredi 27 décembre sur France Bleu Picardie, Florence Gruyelle, membre d'Action Culottée et gérante d'un magasin de lingerie à Saint-Quentin.
Une campagne maladroite
Dans l'un des clips diffusé fin novembre, un homme venu acheter un polo repart finalement du magasin les mains vides car un "dévendeur" lui a conseillé de ne pas céder à la remise -70% et lui a expliqué que celui qu'il portait lui allait déjà très bien, avec l'avantage d'être à -100%. Mais ces spots humoristiques n'ont pas fait rire des organisations telles que l'Alliance du Commerce, l'Union des Industries Textiles (UIT) ou la CPME qui ont demandé à qu'ils soient retirés.
Sur franceinfo, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, avait déploré une campagne "regrettable" et "maladroite vis-à-vis du commerce" qui "se bat" et qui connaît "des difficultés", critiquant ainsi son collègue au ministère de la Transition écologique Christophe Béchu. Ce dernier a refusé de retirer les clips de l'écran mais a reconnu une maladresse.
Les commerçants conscients du dérèglement climatique
"Maladresse", c'est également le terme employé par l'association Action culottée. "Ce n'est pas tant le message mais la maladresse de ce spot qui a heurté les lingères. Celui-ci vise le commerce physique, de proximité au lieu de montrer du doigt les acteurs de la fast fashion notamment en ligne qui sont les principaux responsables de la pollution textile et les moins soucieux de l'écologie", explique sur le réseau social Linkedin, le collectif de 200 gérants de boutiques de lingerie indépendantes.
"Nous, commerçants, nous avons été très touchés par ce clip qui se trompe de cible avec des conséquences assez désastreuses en ce mois de décembre qui est pour nous très important. nous avons ont déjà beaucoup souffert des dernières crises économiques, sanitaires, sociales ces dernières années."
Anabelle, gérante d'une boutique de lingeriesur la chaîne Youtube d'Action culottée
Anabelle, membre du collectif, assure que les commerçants "se sentent concernés par tous ces enjeux" écologiques et qu'ils "essaient de trouver des produits plus responsables". Elle concède que "l'industrie du textile est extrêmement polluante", mais elle estime que ces clips auraient dû mettre en scène et "viser les géants du e-commerce international font beaucoup plus de mal avec des produits souvent à bas coût, de basse qualité, qui viennent de l'autre bout du monde et fabriqués dans des conditions de travail indignes". L'association Action culottée est née pendant la crise du Covid-19 pour protester contre la fermeture des commerces non-essentiels.
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