Ce livre, "le casse du siècle" raconte le quotidien de ceux qui à Wall Street ont construit la crise des subprimes
Le casse du siècle a été un best-seller aux États-Unis (600 000 exemplaires).
"Pourquoi prendre des décisions intelligentes quand on peut s'enrichir en prenant des décisions idiotes ?"...Cette phrase résume l'athmosphère du livre et explique l'ampleur de la crise qui a secoué (et secoue toujours) la sphère financière mondiale.
Elle est située à la fin du livre en conclusion du récit de Michael Lewis qui raconte à travers une série de personnages vrais comment un tel aveuglement a pu faire sauter la finance mondiale.
Lewis est aujourd'hui journaliste mais il a débuté comme trader dans une banque de Wall Street et il sait de quoi il parle puisqu'à propos de lui-même il écrit : "qu'une banque ait été disposée à me payer des centaines de milliers de dollars pour prodiguer des conseils à des adultes demeure à ce jour un mystère". Et c'est ce mystère que Lewis explique dans son livre. Un livre dans lequel on découvre que tout le monde de la finance repose sur du vent.
Le livre commence bien avant le symbole le plus visible de la crise, avec la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008.
Il rappelle à travers le portrait de financiers comment s'est construit ce monde opaque de la finance et le phénomène de la titrisation. Sa galerie de portraits est particulièrement éclairante, faite de visionnaires, de cyniques, de génies, d'aveugles...A travers eux, il montre le suivisme de ce monde, de la quasi impossibilité de se distinguer, de jouer contre le marché. Ses héros sont ceux qui ont vu la folie du système -l'un d'eux est frappé du syndrome d'Asperger, forme d'autisme - et ont su en tirer profit.
Reste que le livre n'est pas toujours simple et que le lecteur peu au fait de ce monde risque de se noyer au milieu des CDS et autres CDO. Un monde si complexe que l'un des personnages de Lewis affirme : "il n'y a pas de limite au risque sur le marché. Une banque avec une capitalisation boursière d'un milliard de dollars peut avoir pour mille milliards de CDS en susopens. Personne ne sait combien il y en a ! Et personne ne sait où ils sont !".
Pas de commentaires politiques ou philosophiques dans ce constat, mais un réquisitoire implacable contre un monde totalement irresponsable qui ne doit sa survie qu'à un sauvetage gouvernemental.
Comme le dit l'auteur, le "problème n'était pas que Lehman Brothers avait été autorisée à faire faillite. Le problème avait été que Lehman Brothers avait été autorisée à réussir".
Le casse du siècle
de Michael Lewis
Ed. Sonatine
20 euros
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