"Le président préside, le gouvernement gouverne" : Emmanuel Macron ne met pas de veto à des discussions sur l'âge légal de retraite à 64 ans
Dans les discussions menées depuis plusieurs jours à Bercy par le ministre de l'Economie avec les représentatns des groupes politiques, le PS a demandé la suspension de l'application du report de l'âge de départ à la retraite à 64 ans pendant six mois, le temps de remettre la réforme sur le métier. François Bayrou doit arbitrer, mais on se doute que ce ne sera pas sans l'aval d'Emmanuel Macron. Et à en croire son entourage, le chef de l'État et son Premier ministre sont alignés sur ce dossier, pour ne pas faire un totem du report de l'âge légal à 64 ans.
"Il faut arrêter de faire de la réforme des retraites un marqueur identitaire du président, s'agace un de ses proches. Son marqueur, c'est la création de richesses pour le pays par le travail. La réforme des retraites en a été un instrument". Sous-entendu : s'il faut changer d'instrument, pas de problème.
Pendant la campagne des européennes, avant la dissolution, Emmanuel Macron confiait d'ailleurs très ouvertement ses regrets de n'avoir pas réussi à aller au bout de la réforme à points, celle entamée avant l'épidémie de Covid. Sur ce point, le président et le Premier ministre sont parfaitement alignés : juste après sa nomination, François Bayrou avait rappelé qu'il avait été l'un des fervents partisans de cette réforme systémique.
À Bercy, les discussions continuent... "sur du concret"
Au Premier ministre de prendre ses responsabilités, donc : "le président préside, le gouvernement gouverne", comme aiment à répéter les conseillers du chef de l'Etat. Mais pour François Bayrou, suspendre une telle mesure, c'est ne jamais y revenir parce que cela coûte trop cher, parce que c'est techniquement compliqué. Il l'a redit vendredi 10 janvier à Pau, en marge de la cérémonie des vœux de la municipalité : "On peut pas suspendre, le mot ne veut rien dire. Il y a des gens qui doivent partir à la retraite à la fin du trimestre, ils font quoi ?"
Les constitutionnalistes expliquent de leur côté qu'un décret peut venir annuler le décret d'application de l'article qui prévoit le report progressif de l'âge de départ à 64 ans, ce qui serait bien plus simple que de faire adopter un texte en urgence au Parlement.
La gauche fait de la suspension la condition sine qua non pour ne pas censurer. Si personne ne veut céder, il faudra trouver un compromis, une troisième voie. "Si la discussion se prolonge à ce point, c'est que le dialogue porte sur du concret", estime un conseiller en première ligne. À Bercy, on ne veut rien dévoiler de l'avancée ou non de ces négociations, pour ne pas prendre le risque de les faire capoter.
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