Budget 2019 : "Le gouvernement pense toujours en premier aux pistes de suppression", pour le président de la CFE-CGC
La croissance est plus faible que prévue, le gouvernement annonce donc de nouvelles mesures d'économies, qui ne plaisent pas à la CFE-CGC, syndicat de cadres.
"Le gouvernement pense toujours en premier aux pistes de suppression ou de diminution", a réagi sur franceinfo dimanche 26 août François Hommeril, le président du syndicat de cadres CFE-CGC, après les annonces faites par le Premier ministre dans le Journal du dimanche.
Edouard Philippe envisage entre autres pour le budget 2019 de ne pas revaloriser les prestations sociales en fonction de l'inflation et de supprimer 4 500 postes de fonctionnaires, pour faire face à une croissance moins importante que prévu (1,7% au lieu de 1,9%). "Il y a probablement des pistes plus intéressantes à examiner pour redonner de la croissances", a estimé François Hommeril.
franceinfo : Le projet de budget du gouvernement pour 2019 est-il adapté à la situation économique ?
François Hommeril : Le gouvernement pense toujours en premier aux pistes de suppression ou de diminution alors qu'il y a probablement des pistes plus intéressantes à examiner pour redonner de la croissance. Le gouvernement ne s'est pas attaqué de façon suffisamment intelligente aux problématiques qui se posent aujourd'hui sur le marché du travail dans les entreprises. Aujourd'hui, on constate que beaucoup d'entreprises ont beaucoup de mal à recruter, quelle que soit leur taille, alors qu'il existe les conditions de la reprise, que des carnets de commande se sont étoffés. Elles ont beaucoup de mal à recruter parce que l'accès au marché de l'emploi est très inégalement réparti sur le territoire et en fonction de la taille des entreprises. Les entreprises peinent aussi à attirer à elles des compétences, des gens motivés, des gens qui voudraient s'identifier à un projet d'entreprise. C'est vraiment un sujet central qui aujourd'hui n'a pas été au coeur des préoccupations du gouvernement et qui, s'il était traité de façon coordonnée et concertée avec les représentants de la société civile, pourrait revaloriser les critères de croissance en France.
Edouard Philippe dit qu'il n'est pas opposé à la dégressivité des allocations chômage pour les cadres. La réforme de l'assurance chômage arrive bientôt puisque les partenaires sociaux sont convoqués mercredi à Matignon. Avez-vous envie de discuter de cette piste ?
Je suis prêt à discuter de tout mais, sincèrement, je suis très en colère parce que, tant sur le fond que sur la forme, j'estime que c'est définitivement inacceptable d'évoquer ce sujet-là. L'assurance chômage est un système assurantiel et ce sont les cotisations assises sur les salaires des cadres qui permettent de verser des allocations à ceux qui n'ont pas de travail. Il y a donc un très haut niveau de solidarité grâce au fait que les cotisations sont établies sur l'ensemble des salaires. Si on venait à rompre ce principe en ne s'attaquant, en termes de dégressivité, qu'aux cadres, en invoquant en plus le critère de justice sociale, ce serait scandaleux et inefficace économiquement. Le gouvernement part du principe - et je suis très déçu de cette vision des choses - qu'aujourd'hui les gens ne sont pas suffisamment mobiles et poussés au retour à l'emploi au motif qu'ils seraient trop indemnisés. Nous avons tout un tas d'études qui disent qu'il n'y a pas d'aléa moral dans le système de régime d'assurance chômage. S'il y a aujourd'hui des difficultés pour un retour à l'emploi, c'est parce que les gens qui en sont temporairement privés sont mal encadrés pour travailler là-dessus. Au lieu de diminuer les moyens, il faut probablement les augmenter dans l'encadrement.
Edouard Philippe envisage également une diminution des cotisations salariales sur les heures supplémentaires. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ?
C'est une très mauvaise chose sur le plan économique parce que la dynamique de l'emploi doit être une dynamique de création. Pour faire la promotion de la création de l'emploi, il faut que les heures supplémentaires coûtent plus cher que les heures normales. Ce sont des diagnostics économiques qui sont portés dans tous les pays. En plus, la baisse des cotisations sociales qui sont assises sur les heures supplémentaires (...) viendrait, une fois de plus, amoindrir les ressources des systèmes sociaux français qui devraient au contraire faire l'objet d'une attention plus particulière du Premier ministre.
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