Avec le budget 2019, "les grands perdants sont les inactifs et les retraités"
Eric Heyer, directeur du département analyse et prévision de l’Observatoire français des conjonctures économiques, a expliqué sur franceinfo que le budget qui doit être présenté en Conseil des ministres lundi se traduit par une opposition entre les actifs et les inactifs.
Le gouvernement va présenter le budget 2019 lors du Conseil des ministres, lundi 24 septembre. Le projet de loi de finances sera débattu au parlement cet automne. Eric Heyer, directeur du département analyse et prévision de l’Observatoire français des conjonctures économiques, était l'invité de franceinfo lundi matin, pour évoquer ce qui risque d'être "une belle perte de pouvoir d'achat" pour les inactifs.
franceinfo : Le ministre de l'Économie assure que tout le monde sera mis à contribution. Mais dans les faits, certains le seront-ils plus que d'autres ?
Eric Heyer : Autant le budget 2018 était plutôt une cassure entre les actifs aisés et les classes moyennes, le budget 2019 c'est plutôt actifs contre inactifs. Les grands perdants de ce budget ce sont les inactifs et les retraités qui voient leurs pensions non revalorisées au niveau de l'inflation. C'est donc une belle perte de pouvoir d'achat. C'est fait pour financer l'augmentation du pouvoir d'achat pour les actifs, notamment avec la baisse des cotisations salariales.
La confiance des ménages est en baisse. Cela va-t-il induire une baisse de la croissance ?
C'est le risque. On a vu que pour le budget 2018, il y avait un effet de calendrier. Il y avait d'abord des hausses d'impôt en début d'année et des baisses en fin d'année et cela avait joué sur la consommation des ménages. Là, on se demande si lorsqu'on va les baisser les ménages vont consommer. Peut-être vont-ils moins croire à l'ensemble des promesses. J'aurais tendance à penser que quand les ménages vont voir une augmentation de leur pouvoir d'achat, ils vont recommencer à consommer. Mais il faudra voir.
Remboursement du CICE, baisse des cotisations, baisse de la taxe d'habitation… Est-ce une année noire pour les finances publiques ?
Oui et non. Il y a surtout cette bascule CICE-cotisations salariales, donc cela rajoute 20 milliards de plus puisqu'on va dépenser 40 au lieu de 20. C'est ça qui fait que le déficit va augmenter en 2019, passer de 2,6% à 2,8%, mais c'est un 'one-off', une fois. Il fallait le faire, ils ont décidé de le faire en 2019. Mais, il y a bien en-dehors de cette fois, une réduction du déficit.
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