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Pénurie de pièces détachées dans l’automobile : "Sur des gammes assez vendues, ce n’est pas justifiable", fustige un carrossier

Depuis plusieurs semaines, la pénurie de semi-conducteurs dans l’automobile freine la construction de véhicules neufs. Mais l’activité des garagistes est également pénalisée.

Article rédigé par franceinfo - Dimitri Morgado
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Pas de pièces pour réparer ce véhicule, immobilisé dans le garage d'un carrossier, le 21 octobre 2021. (DIMITRI MORGADO / RADIO FRANCE)

Vendredi 15 octobre, l'usine Renault de Sandouville, près du Havre, a dû stopper ses activités au moins jusqu'à début novembre en raison de la pénurie de pièces. C'est le cas aussi du site de Batilly près de Metz qui a fermé pour la semaine. Et la pénurie touche aussi les garagistes et les carrossiers qui n’ont plus de pièces pour réparer les véhicules qu’on leur confie.  

Des véhicules bloqués au garage

Certains clients voient leur voiture immobilisée pendant plusieurs semaines, ce qui des conséquences très concrètes sur la vie d'Elsa par exemple. Elle a 32 ans et travaille dans l'immobilier. Après un accrochage et un pare-chocs bien endommagé, ça fait deux semaines que sa voiture est bloquée au garage. "Ils m’ont prêté une voiture, ce qui est déjà bien mais ce qui est contraignant, c’est que c’est une Twingo, explique cette mère de famille. Du coup, pour emmener mes enfants à l’école, c’est assez compliqué parce que ça reste un petit véhicule. En plus, je travaille à 30 minutes de chez moi donc j’ai quand même pas mal de route à faire. En Twingo, ce n’est pas l’idéal."   

Elsa est loin d'être la seule dans cette situation. Jacky Barthélemy est le gérant de la Carrosserie CDA à Chilly Mazarin, dans le département de l'Essonne et dans son garage, il estime que 15 % des véhicules qu'il reçoit sont concernés par des retards de pièces. "Ce n’est pas toujours sur des délais importants mais on dépasse quand même les 48 heures et nous, ça nous impacte tout de suite."

Les véhicules immobilisés le 21 octobre dans une carrosserie de Chilly Mazarin impactent 15% de la clientèle. (DIMITRI MORGADO / RADIO FRANCE)

Une pénurie qui touche d'ailleurs tous les types de voitures, les anciens modèles, comme les nouveaux. "Un véhicule qui a plus de 10 ans, qu’on me dise qu’il y a un problème sur la pièce, je comprends, concède le carrossier. Mais un véhicule qui a moins de 10 ans, en plus sur des gammes assez vendues, ce n’est même pas justifiable. On est le dernier maillon de la chaîne et tout de suite on est pénalisés par le client, par l’assurance."

Des problèmes multiples

Ce constat, il n'est pas propre au garage de Jacky. Christophe Bazin de la Fédération Française de Carrosserie a eu des retours de ses adhérents. Ils manquent notamment de pièces liées au bon fonctionnement des airbags, des ceintures de sécurité ou encore des radars, mais pas que. "Sur ces pièces-là, on sait clairement que ce sont les semi-conducteurs qui sont la cause de la pénurie. Mais il y a aussi pénurie sur les matières premières. On en entend beaucoup parler dans le bâtiment, le bois, l’acier… Et s’il y a pénurie, il y a augmentation des prix bien sûr. On est confrontés à ces problèmes-là même sur des plastiques, des aciers, des barres en aluminium dans les carrosseries." Et ce qui inquiète le plus les professionnels, c'est que pour le moment, ils ne voient aucun signe annonçant la sortie de cette pénurie.

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