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Inflation : incapables de payer leur plein d'essence, de nombreux Turcs abandonnent leur voiture

L'inflation bat des records historiques en Turquie, atteignant 80% sur un an en juillet. Le secteur des transports est de loin le plus touché : la hausse des prix du carburant pousse aujourd'hui certains turcs à délaisser leurs véhicules. 

Article rédigé par franceinfo - Anne Andlauer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Une personne en train de regarder des prix dans un bureau d'échange d'Istanbul  (UMIT TURHAN COSKUN / NURPHOTO)

Dans une station-service du centre d’Istanbul, Bülent grogne en faisant le plein de son véhicule jaune. Ce chauffeur de taxi affiche un air exaspéré… En un an et demi, le prix de l'essence a triplé en Turquie : "Ça n’arrête pas, cette inflation ! Avant, le prix augmentait toutes les semaines… Maintenant, c’est toutes les 24 heures !"

Cette hausse, de 119% sur un an dans le secteur des transports est d’abord due à celle des prix des carburants, elle-même liée à la hausse des prix de l’énergie sur les marchés mondiaux et à la chute de la monnaie turque, la livre, par rapport au dollar.

"Je n'ai plus les moyens ! Le carburant est devenu un luxe."

Bülent, chauffeur de taxi

à franceinfo

Evidemment, Bülent n’a pas le choix, il faut bien que le taxi roule. Alors les économies, il tente de les faire ailleurs, sur son véhicule personnel : "Ma voiture est toujours dans le rouge… Quand je vais à la station-service, je ne mets plus que quelques litres d’essence à la fois. J’essaye de rouler moins !" 

Les transports en commun plébiscités 

La voiture devient un luxe dont, chaque jour, des Turcs décident de se passer. Dans un sondage Ipsos publié fin juillet, 71% d’entre eux affirment se rendre au travail en transports en commun, alors qu’ils prenaient autrefois leur propre véhicule. C’est le cas de Bekir, un comptable : "Avant, quatre jours sur cinq, je prenais la voiture. Maintenant, je n’utilise plus du tout ma voiture, elle dort devant chez moi. Je prends le bus. Ce n’est pas idéal, il est bondé, je dois souvent attendre le prochain ou marcher jusqu’à un autre arrêt… Je vais devoir m’y faire, les prix ne sont pas près de baisser !" À Istanbul, le nombre mensuel de voyageurs dans les transports municipaux a ainsi bondi de 67% en un an.

Adem, lui, a pris une décision radicale : vendre sa voiture et s’acheter un vélo. Ce technicien vétérinaire pédale chaque jour pendant une heure et demie aller-retour, entre son domicile et son lieu de travail : "Si je me déplaçais encore en voiture, ça me coûterait 2 000 livres par mois rien que pour l’essence. Là, c’est gratuit ! En plus, je n’ai plus les palpitations cardiaques que j’avais autrefois, j’ai perdu du poids… Ma santé a gagné au change."

Son porte-monnaie, sa santé, mais pas forcément sa vie sociale : à cause de l’inflation, Adem confie ne plus pouvoir sortir avec ses amis, sans parler des vacances qu’il ne prendra pas cet été.

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