Hausse des prix des carburants : "Provisoirement, on peut penser qu'on n'est pas loin du plafond", estime un spécialiste
"Sauf catastrophe géopolitique ou autre, je ne pense pas que la hausse que nous venons de connaître va se poursuivre dans les semaines à venir", analyse mardi 22 août sur franceinfo Philippe Chalmin, professeur d’histoire économique à l’université Paris-Dauphine. Alors que la hausse du prix des carburants se poursuit (1,83 € le litre de gazole et 1,91 € le litre de sans plomb 95 E10 en moyenne), le spécialiste des matières premières et de l’énergie estime que "provisoirement, on peut penser qu'on n'est pas loin du plafond".
Ces dernières semaines, le prix du plein a connu une hausse provoquée par la "hausse à peu près parallèle du prix du baril de pétrole", poursuit Philippe Chalmin : "Nous étions allés un peu en dessous de 75 $ le baril fin juin. Il y a une semaine, le prix du baril de Brent a culminé à 88 $, hier soir, on était à 85 $. Donc, grossièrement, on a pris entre 10 et 15 $ le baril et on se retrouve ainsi avec une bonne quinzaine de centimes de plus le litre à la pompe".
La réduction de l'offre va probablement se poursuivre en septembre
Si la demande a "retrouvé ses niveaux d'avant 2019", c'est surtout du côté de l'offre qu'il faut aller chercher les explications de la hausse. Pour Philippe Chalmin, "les producteurs ont voulu faire augmenter les prix, ils ont donc joué sur les quantités. Le leader de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole), l'Arabie saoudite, a décidé unilatéralement à partir du 1er juillet de réduire son offre de 1 million de barils par jour. Le marché mondial, c'est à peu près 100 millions de barils par jour. Donc ça a quand même joué en juillet".
Cette situation pourrait même se maintenir dans les prochains temps puisque le pays a décidé de "poursuivre cette réduction sur le mois d'août, ils le feront probablement sur le mois de septembre. D'après l'Agence internationale de l'énergie, le marché, qui était plutôt excédentaire, serait devenu déficitaire sur le deuxième semestre de 2023 et donc plus fragile".
Pourtant, le spécialiste "ne pense pas" que le prix du baril de Brent continuera de flamber pour dépasser les 100 dollars. "On est dans une phase de digestion. La vraie question sera en septembre de savoir si l'Arabie Saoudite continue de restreindre sa production et de savoir ce que va faire la Russie". Concernant les prix à la pompe, "ça veut dire que normalement on ne devrait peut-être pas, du moins d'ici la fin du mois d'août ou début septembre, briser l'autre seuil symbolique, celui des 2 euros le litre".
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