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"Et Olivier Véran qui dit qu'il n'y a pas de pénurie !" Dans cette station-service d'Ile-de-France, l'essence manque et les esprits s'échauffent

Beaucoup d'automobilistes profitent du week-end pour tenter de refaire le plein d'essence. Les perturbations d'approvisionnement continuent, alors que la grève dans les raffineries a été reconduite.

Article rédigé par franceinfo - Paola Guzzo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une station-service (illustration). (OLIVIER DUC / RADIO FRANCE)

Aux abords de cette grande station-service, à Rungis (Val-de-Marne), la circulation est complètement bouchée et la tension palpable, samedi 8 octobre. Beaucoup d'automobilistes se sont levés tôt et ont attendu entre une demi-heure et 2 heures pour avoir une chance de trouver du carburant, alors que de nombreuses stations sont à sec. Comme Jérémy, qui a découvert, exaspéré, qu'il n'y avait plus d'essence dans les pompes. "J'ai attendu, et au final pour rien... Et il y a quand même Olivier Véran qui dit qu'il n'y a pas de pénurie !" C'était la cinquième station essence que le jeune fonctionnaire tentait de bon matin parce qu'elles sont toutes fermées près de chez lui. Pareil pour Aurélia qui, elle, a eu plus de chance. "J'ai mis mon réveil à 5 heures et demie pour pouvoir essayer de voir s'il y avait moins de monde le matin. Mais apparemment non ! Je me suis fait une liste de toutes les stations essence avec de l'éthanol et j'allais faire le tour. J'ai fait Montrouge, Chevilly-Larue, Villejuif et je suis arrivée ici. Et je peux mettre de l'essence ! C'est génial !"

La grève à l'appel de la CGT dans plusieurs raffineries françaises TotalEnergies et ExxonMobil a été reconduite, samedi, pour demander un meilleur salaire, et les réserves d'essences baissent. Pour apaiser les tensions aux abords des pompes à essence qui restent, le gouvernement a activé les stocks stratégiques de l'Etat, dans certaines régions.

"J'ai fait un petit zig-zag, je n'ai pas pris toute la queue..."

Retour à Rungis. Un peu plus tôt dans la matinée, un camion citerne s'est frayé un passage pour réapprovisionner les réserves d'essence. De quoi soulager les nombreux professionnels qui ne peuvent pas vivre sans voitures, comme Saïd, chauffeur VTC, qui ne pouvait plus attendre plus longtemps. "J'ai fait un petit zig-zag, je n'ai pas pris toute la queue... Sinon j'allais rester 2 heures ici. Je n'ai pas le choix. Ça fait quatre jours que je n'ai pas bossé."

Slimane, lui, est chauffeur de taxi. Il trouver de l'essence lui paraissait carrément inespéré. "Comme un bébé ! Je suis tellement content ! Alléluia ! ça fait trois jours que je cherche. Je commences à 3 heures du matin, toutes les pompes sont fermées. C'est le jackpot, quoi. Maintenant, si vous avez besoin d'un taxi, je suis là !"

Les perturbations et les queueus interminables sont aussi dûes à la méconnaissance des panneaux par les usagers, selon Ali, qui travaille dans la station. "Dans tous les stations, s'il est affiché 9,999, c'est qu'il n'y en a pas. Mais le client, il voit 9,999, il ne comprend rien. Il se dit qu'il y en a et il vient. Non seulement, il est déçu, mais il veut nous cogner ! Ce n'est pas notre faute. Ce qui se passe, nous, on le subit comme les autres. On est livré presque deux fois par jour." Les fréquences de livraison ont doublé par rapport à d'habitude. Et les camions citerne ont été autorisés à circuler dimanche. Mais vu l'affluence, le personnel de la station s'attend tout de même à être à court de carburant en milieu de soirée.


Dans cette station-service d'Ile-de-France, l'essence manque et et les esprits s'échauffent - le reportage de Paola Guzzo

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