Carburants : le dilemme d'un épicier ambulant, perdre de l'argent ou perdre des clients s’il répercute la hausse sur ses prix
Le gouvernement s'apprête à dévoiler des mesures permettant aux Français de faire face à la hausse du prix des carburants. Des coûts supplémentaires difficiles à absorber pour certains automobilistes, surtout pour ceux qui roulent beaucoup comme cet épicier ambulant, rencontré dans l'Oise.
Après une carrière dans la grande surface, Guillaume Jolibois s'est lancé à son compte il y a un an comme épicier ambulant. Il propose à la vente des produits locaux, pour la plupart bio. Mais comme son entreprise est encore jeune, il ne se verse pas encore de salaire. Il est donc à quelques dizaines d'euros près à la fin du mois. Alors l’explosion des prix du carburant, Guillaume la prend de plein fouet.
Depuis début octobre, le prix du gazole a battu un record historique, à 1,5354 euro le litre en moyenne en France, et le sans plomb 95 a retrouvé ses sommets de 2012, à 1,6332 euro le litre. Guillaume Jolibois doit forcément en passer du temps au volant de sa camionnette. Entre ses trajets pour aller se fournir chez les producteurs locaux et ses tournées, de village en village, autour de Janville dans l’Oise, l'épicier ambulant parcourt 500 km par semaine.
L’impact pour lui est aux environs de 45 euros par mois. "Et 45 euros, quand on vient de se lancer, ça fait beaucoup", souligne-t-il. "Les 45 euros, on préférerait les investir sur le matériel. Cette hausse a un impact sur les différents petits travaux que j'aurais pu effectuer sur le camion".
"Avec la hausse du gazole, je ne vais pas pouvoir remplacer le petit moteur hydraulique qui permet de lever l'auvent du camion."
Guillaume Jolibois, épicier ambulant dans l'Oiseà franceinfo
Pour compenser le prix du carburant, Guillaume envisage d'augmenter ses tarifs. Mais Valérie, une cliente, est partagée : "Je comprends, affirme-t-elle, mais pour notre porte-monnaie à nous, c’est un peu plus compliqué." Effectivement, répercuter la hausse du prix du carburant sur le prix de ses produits peut s'avérer contre-productif, convient Guillaume : "Le carburant augmente pour tout le monde et mes clients eux aussi perdent du pouvoir d'achat". Et Guillaume craint qu'en augmentant ses prix, "une partie de la clientèle retourne en grande surface". Mais, tempère-t-il, "j'aurai toujours des clients fidèles qui continueront à venir pour mes produits locaux et de saison".
Pour sortir de l’impasse, l’épicier est plutôt favorable au chèque-carburant. "Ça peut être déjà une solution à très court terme, argumente-t-il. Une cinquantaine d’euros, ce serait pas mal". Cela lui permettrait d'envisager les prochaines semaines un peu plus sereinement et de poursuivre une activité qui s'avère capitale dans certains villages, dépourvus de commerces de proximité.
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