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Taxations des carburants : "Les politiques sont en train d'instrumentaliser la hausse de la fiscalité écologique"

Selon Anne Bringault, du Réseau Action Climat qui vient de publier une tribune, les Français sont "d'accord pour faire des efforts pour lutter contre le dérèglement climatique, mais ils veulent que ces efforts soient justes".

Article rédigé par franceinfo
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23 associations environnementales appellent les politiques "à prendre leurs responsabilités" (illustration). (NICOLAS KOVARIK / MAXPPP)

"Les politiques sont en train d'instrumentaliser la hausse de la fiscalité écologique", estime lundi 12 novembre sur franceinfo Anne Bringault, coordinatrice Transition énergétique pour le CLER et Réseau Action Climat, après la tribune publiée sur franceinfo par 22 associations écologiques intitulée "Politiques de tous bords, prenez vos responsabilités".

franceinfo : La fiscalité écologique est-elle un bouc-émissaire pour les politiques ?

Anne Bringault : C'est un vrai coup de gueule, cette tribune, parce que les politiques sont en train d'instrumentaliser la hausse de la fiscalité écologique, alors qu'on sait que le dérèglement climatique est un enjeu majeur et que 48 000 personnes décèdent prématurément à cause de la pollution de l'air. C'est un coup de gueule contre cette instrumentalisation, mais également contre le gouvernement et Emmanuel Macron qui tardent à prendre les mesures d'accompagnement qui sont nécessaires à côté de la hausse de la fiscalité carbone et que nous réclamons depuis des mois.

Cette hausse des taxations des carburants était-elle nécessaire ?

Cette hausse est absolument nécessaire pour donner un signal et indiquer aux Français que d'ici quelques années, il faudra arrêter les véhicules diesel et essence et qu'il faudra passer à des véhicules au biogaz ou à des véhicules électriques, mais aussi aux transports en commun, au vélo. C'est toute la mobilité qui est à revoir. Peut-être aussi moins se déplacer avec le développement du télétravail.

Le gouvernement a-t-il un double discours ?

Clairement, il y a une incohérence des politiques publiques, les Français le voient bien et c'est pour ça qu'ils sont dans la rue et qu'ils grognent. Ils sont d'accord pour faire des efforts pour lutter contre le dérèglement climatique, mais ils veulent que ces efforts soient justes. Il faut donc financer davantage les transports en commun, financer les pistes cyclables, aider les ménages à changer de véhicule pour aller vers des véhicules moins polluants, mais aussi avoir des mesures d'urgence pour les ménages qui n'ont pas le choix actuellement que d'utiliser leurs voitures pour aller au travail.

Quelles pourraient être ces mesures d'urgence ?

Des mesures d'urgence comme une aide à la mobilité solidaire, qui ne serait pas une aide spécialement écologique. C'est une aide sociale, simplement parce que chacun, actuellement, ne peut pas acheter un véhicule électrique ou un véhicule biogaz, puisqu'il n'y a pas encore de véhicules d'occasion. Il faut donc des aides pour que les plus précaires puissent aller travailler, aller chercher un emploi, faire les courses, amener les enfants à leurs activités.

Où trouve-t-on l'argent pour ces aides ?

La hausse de la fiscalité sur le carbone va rapporter près de quatre milliards en plus dans le budget de l'État en 2019. Ce qu'on réclame, c'est que ces quatre milliards aillent à la transition énergétique et non pas aillent combler, comme un puits sans fond, le budget de l'État. Il faut vraiment orienter ces financements vers les solutions pour les ménages. On peut financer les aides pour la rénovation des logements (le chauffage coûte de plus en plus cher) et à la fois des aides pour la mobilité et augmenter les chèques énergie.

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