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Pollution de l'air : un pneumologue jugé pour avoir menti devant des sénateurs

Un médecin est jugé ce mercredi pour avoir menti devant les sénateurs, pendant une commission d'enquête sur la pollution de l'air. Il n'avait pas mentionné qu'il était rémunéré par le groupe Total. 

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le pneumologue Michel Aubier dans l'émission "Allô docteurs", le 1er mars 2016, sur France 5.  (FRANCE 5)

Le procès du pneumologue Michel Aubier doit avoir lieu ce mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris. Cet ancien chef du service pneumologie de l'hôpital Bichat, à Paris est soupçonné d'avoir menti devant les sénateurs, alors qu'il était auditionné par la commission d'enquête sur le coût de la pollution de l'air, le 16 avril 2015.

Médecin-conseil du groupe Total depuis 1997

Ce jour-là, quand le président de la commission, Jean-François Husson (sénateur Les Républicains de Meurthe-et-Moselle) lui demande s'il a des liens d'intérêts avec des acteurs économiques, Michel Aubier répond qu'il n'en a aucun. Alors qu'il est médecin-conseil du groupe Total depuis 1997, en plus de son activité de pneumologue à l'AP-HP (Assistance publique - Hôpitaux de Paris). Mais il ne voit pas le rapport, selon son avocat, François Saint-Pierre : "Il aurait exercé chez Carrefour, c'était toujours la même médecine du travail. Il exerçait la médecine en toute indépendance et il n'a jamais été le propagandiste du diesel. C'est pourquoi je demanderai de relaxer le professeur Aubier."

Conflit d'intérêt ou simple "oubli" ?

Selon l'enquête, Michel Aubier a touché en 2014 plus de 100 000 euros de salaire du groupe pétrolier et plus de 60 000 euros en actions Total. Pour l'avocat des associations parties civiles (Écologie sans frontière et Générations Futures), François Lafforgue, le conflit d'intéret est manifeste : "La question ne souffrait pas de doutes possibles. Total est un fabriquant de carburant. Lorsqu'il existe un lien d'intérêt, la personne qui intervient comme expert doit absolument le signaler."

Le Sénat s'est aussi constitué partie civile dans cette affaire, qui devra juger de la bonne ou mauvaise foi du docteur Aubier. Lui reconnaît un oubli, mais pas de mensonge. Il ne nie pas les effets sanitaires de la pollution, même si lors de son audition, il estimait que son impact sur le cancer du poumon était extrêmement faible et discuté. Dans cette affaire, Michel Aubier a reçu un avertissement de l'Ordre des médecins, le 25 mai dernier. Il risque cinq ans de prison et 75 000 euros d'amende.

Par ailleurs, le docteur Aubier est également accusé de fourniture d'information mensongère, dans sa déclaration d'intérêt public à la Haute autorité de santé.
Il avait non seulement caché ses rémunérations de la part de Total, mais aussi de certains industriels pharmaceutiques, comme le laboratoire Servier.

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