Lutte contre la pollution : pour Corinne Lepage, "la société ne fait pas ce qu'elle pourrait faire"
Ancienne ministre de l'Environnement, Corinne Lepage est à l'origine de la loi sur l'air de 1996. Selon la présidente du Rassemblement citoyen - Cap21, depuis cette loi, "rien n'a été fait" pour lutter contre la pollution.
Alors que plusieurs villes sont touchées par des pics de pollution, Corinne Lepage, ancienne ministre de l’Environnement de 1995 à 1997, à l'origine de la loi sur l'air en 1996, a estimé jeudi 8 décembre sur franceinfo que "la société ne fait pas ce qu'elle pourrait faire" pour lutter efficacement contre la pollution.
franceinfo : Une loi sur l'air a été adoptée en 1996, alors que vous étiez ministre de l'Environnement. Que s'est-il passé depuis ?
Corinne Lepage : Rien n'a été fait. Dominique Voynet n'a pas fait de ce sujet une priorité, donc les décrets ne sont sortis qu'avec beaucoup de retard. Et avec les gouvernements de droite qui se sont succédés ce n'était pas un sujet. Quand Roselyne Bachelot était ministre de l'Environnement, elle a mis des normes plus défavorables que le minimum communautaire. Et les dispositons que Ségolène Royal a fait voter existaient déjà dans la loi sur l'air de 1996.
Que peut-on faire pour qu'il y ait une vraie prise de conscience des usagers ?
C'est enquiquinant de ne pas pouvoir prendre sa voiture. Mais quand on voit des gosses qui ont quasiment tous des bronchiolites à deux mois et qu'on est collectivement responsables, il y quand même quelque chose à faire. Ce n'est pas tolérable. Il faudrait quand même sur ces sujets de santé publique, qui sont des problèmes d'intérêt général, qu'on cesse les bisbilles politiciennes, pour voir quel est l'intérêt général des gens. Et il n'y a pas que la voiture. La région Île-de-France a voté une délibération pour racheter encore des bus diesel, dont on va se servir jusqu'à 2029.
On entend la guerre entre Anne Hidalgo et Valérie Pécresse. N'est-ce pas à la ministre de la Santé de trancher ?
Le ministère de la Santé, sur ces sujets, s'en est toujours moqué complètement. Quand j'ai fait voter la loi sur l'air, le ministre de la Santé était quasiment autant contre moi que le ministre de l'Équipement. Il n'y a pas une vraie prise de conscience de l'impact sanitaire de la pollution. Quand on dit qu'il y a 40 000 morts prématurées par an, c'est une réalité. La société ne fait pas ce qu'elle pourrait faire.
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