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Des poids lourds électriques se rechargent en roulant sur l'A10 : "Je suis vraiment très enthousiaste, mais un peu dubitatif", réagit un journaliste spécialisé

Sur une petite portion d'autoroute près de Saint-Arnoult dans les Yvelines, des poids lourds pourront faire le plein d'énergie grâce aux technologies de l’induction et du rail conductif.
Article rédigé par franceinfo
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Des poids-lourd sur une autoroute française. Photo d'illustration. (MICHEL CLEMENTZ / MAXPPP)

"Je suis vraiment très enthousiaste, mais un peu dubitatif", a réagi Pierre-Olivier Marie, rédacteur en chef adjoint de Caradisiac.com, après l'annonce par Vinci Autoroutes d'une expérimentation sur l'autoroute A10 de poids lourds électriques qui pourront se recharger tout en roulant. "Ça supposerait des investissements de l'ordre de 4 à 5 millions d'euros du kilomètre", a-t-il expliqué. "Personne" ne voudra investir autant d'argent, selon lui. Ce projet est "un peu fictionnel", dit-il. Pierre-Olivier Marie estime qu'il s'agit d'"une stratégie" de communication de la part de Vinci Autoroutes.

franceinfo : Comment cela va fonctionner exactement ?

Pierre-Olivier Marie : Il y aura deux technologies qui vont être testées. D'un côté des boucles magnétiques intégrées à la chaussée qui permettront une recharge en temps réel des voitures. À mesure qu'elles roulent, en fait, elles sont alimentées en électricité, c'est une forme d'énergie sans fin. Cela fait assez rêver. Ça peut être aussi une forme de rail intégré à la chaussée également. Ce qui suppose en fait que les voitures s'y connectent grâce à une sorte de bras articulé qui serait sous la voiture. Ça permet de bénéficier de l'électricité sans avoir besoin de s'arrêter pour recharger de l'électricité en continu tout au long de votre trajet autoroutier.

Cela permet de réduire la taille des batteries ?

C'est un des gros avantages effectivement, puisqu'on n'a plus besoin d'une énorme batterie pour un long trajet. Ça fait un peu rêver parce que le problème des voitures électriques, c'est le poids des batteries et l'encombrement. Effectivement, cela fait rêver ces petites batteries, mais ça pose quand même pas mal de questions techniques et financières.

Quels sont les inconvénients de ces technologies ? 

Le premier inconvénient, c'est que ça coûte extrêmement cher. Ça supposerait des investissements de l'ordre de 4 à 5 millions d'euros du kilomètre. C'était les chiffres que Vinci Autoroutes avait avancé lors d'un colloque. Un Paris-Lyon, ce sont 20 milliards d'euros. Ça suppose aussi de revoir l'ensemble du réseau. Si on intègre des rails à la chaussée, attention aux motards, ça peut être dangereux pour eux. 

"Ça suppose aussi un entretien des rails parce qu'ils peuvent s'encrasser avec la circulation. Donc ça pose quand même pas mal de questions, à la fois en termes de coûts, de maintenance et peut-être même éventuellement de sécurité."

Pierre-Olivier Marie, rédacteur en chef adjoint de Caradisiac.com

à franceinfo

Qui aura envie d'investir autant d'argent ?

Personne. Après, c'est peut-être aussi une stratégie de Vinci Autoroutes qui se dit, "on a la fin des concessions qui approche, donc on va montrer qu'on peut adopter des démarches plus vertueuses et contribuer à l'abaissement de la carbonisation des transports, donc présentons de jolis projets qui font rêver". Moi ça me fait rêver. Je suis vraiment très enthousiaste, mais je suis un peu dubitatif.

Finalement les bornes de rechargement vont s'imposer ?

Les concessionnaires autoroutiers, les pétroliers, les énergéticiens investissent déjà des milliards pour doter les stations d'autoroute en bornes électriques. Si on leur dit finalement, on va changer et on va créer cette route électrique, je ne suis pas sûr que ça leur plaise énormément. Après, il faut que les constructeurs automobiles produisent les technologies qui vont avec ça. Aujourd'hui, dans la communication des constructeurs automobiles, personne n'est là-dessus. Ils sont tous déjà en train d'adapter leur outil industriel pour passer des moteurs thermiques aux moteurs électriques. On va leur dire non finalement, on utilise une autre technologie. Ça me semble un peu fictionnel, tout ça.

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