Journalistes recalés, pluie et concerts de klaxons : l'effervescence avant la conférence de presse de Carlos Ghosn
De nombreux journalistes, notamment japonais, n'ont pas reçu d'accréditation pour assister à la première prise de parole publique de l'ex-patron de Renault-Nissan.
Le monde entier a les yeux rivés sur Beyrouth. Ce mercredi 8 janvier, Carlos Ghosn va faire sa première apparition publique à l'occasion d'une conférence de presse savamment orchestrée. Prévu à 14 heures, l'événement suscite l'effervescence devant les locaux où l'ancien PDG de Renault-Nissan a prévu de s'exprimer.
A l'intérieur, seuls 150 sièges ont été prévus pour les journalistes. Face aux centaines de demandes d'accréditation, l'agence de communication chargée de l'organisation, Image 7, a dû accorder les précieux sésames au compte-gouttes. Parmi les recalés figurent beaucoup de Japonais, indique Maryse Burgot, l'envoyée spéciale de France Télévisions sur place. "Ils disent qu'ils n'ont pas été autorisés à entrer parce que Carlos Ghosn aurait peur de leurs questions", relate-t-elle.
"L'endroit est complètement saturé"
"Enormément de journalistes japonais n'ont pas eu d'accréditation. Ils sont très moyennement contents, mais comme ils sont polis, il ne le montrent pas trop", confirme Nay Naayem, la journaliste de la chaîne franceinfo qui couvre l'événement. Elle-même n'a obtenu la sienne que mardi, Image 7 lui ayant fait savoir qu'elle serait la dernière journaliste à en bénéficier.
Sur place, des dizaines de caméramen et de photographes ont guetté l'arrivée de Carlos Ghosn, toute la matinée, sous les yeux d'agents de sécurité. L'ancien patron était en effet attendu bien avant le début de sa prise de parole, le temps d'enregistrer avec les équipes de TF1 l'entretien négocié par la chaîne qui sera diffusé ce soir au journal de 20 heures.
En attendant, sous une pluie continue, une certaine cacophonie règne devant les locaux du Syndicat de la presse, situés sur la Corniche, célèbre promenade qui borde la mer. L'entrée, une petite porte, n'est accessible que depuis une modeste cour attenante aux imposants locaux d'un concessionnaire automobile. La configuration des lieux, exigus, oblige les voitures satellites des médias à stationner sur le trottoir, observe Naoufel Khaouafi, journaliste reporter d'images pour franceinfo. "L'endroit est complètement saturé", complète Nay Naayem.
"Un lieu qui ne paie pas de mine"
Lorsqu'ils passent devant les lieux, les automobilistes qui circulent sur la très fréquentée rue du général de Gaulle sont tentés d'observer ce qu'il s'y passe, créant un bouchon... et un concert de klaxons. "Il y a quand même des lieux plus grands à Beyrouth. Pourquoi ont-ils choisi cet endroit ?", s'interroge Nay Naayem. "Le lieu ne paie pas de mine. C'est sans doute fait exprès, pour ne pas faire trop luxueux, trop ostentatoire", décrit Maryse Burgot.
A l'intérieur, rien n'a été laissé au hasard. Les 150 sièges ont été disposés en forme de fer à cheval, de sorte que Carlos Ghosn se trouve au cœur de son auditoire. L'horaire a été choisi afin qu'il puisse être écouté aux quatre coins du monde : à 13 heures au Liban, il sera 14 heures en France, 22 heures au Japon et 8 heures sur la côte est des Etats-Unis.
L'ancien patron du premier constructeur automobile français a prévu de faire une déclaration liminaire de quinze à trente minutes avant de répondre aux questions – sans doute très nombreuses – des journalistes. Ceux qui s'attendent à des détails sur sa rocambolesque fuite du Japon au Liban risquent d'en être pour leurs frais. Carlos Ghosn a en effet prévu d'axer son intervention sur les faits qui lui sont reprochés dans les affaires d'abus de confiance et de revenus non déclarés qui lui ont valu d'être poursuivi par les autorités japonaises. Il pourrait également évoquer les conditions – selon lui inéquitables – dans lequelles il a été traité par la justice nipponne.
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