Cet article date de plus de quatorze ans.

Après l'adoption du plan d'aide à l'Irlande dimanche, les craintes croissent de voir la crise de la dette s'étendre

Les marchés ne sont pas convaincus que les 85 milliards du plan d'aide à l'Irlande circonscrivent les problèmes de solvabilité d'autres états de la zone euro.Première victime des craintes sur les dettes souveraines, l'euro qui est passé mardi sous les 1,30 dollars pour la première fois depuis la mi-septembre.
Article rédigé par France2.fr
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
  (AFP/Georges Godet)

Les marchés ne sont pas convaincus que les 85 milliards du plan d'aide à l'Irlande circonscrivent les problèmes de solvabilité d'autres états de la zone euro.

Première victime des craintes sur les dettes souveraines, l'euro qui est passé mardi sous les 1,30 dollars pour la première fois depuis la mi-septembre.

Jean-Claude Trichet dédramatise la situation
Sur le marché obligataire où se joue la dette des Etats, les pays qui souffrent sont maintenant de plus en plus nombreux, signe que la défiance se généralise en zone euro.

Depuis le début de la crise irlandaise mi-novembre, l'Espagne et le Portugal sont en ligne de mire des marchés. L'Italie et la Belgique, jusqu'alors épargnées, sont maintenant attaquées.

Le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet est monté au créneau pour tenter de les rassurer, en soulignant que l'Irlande et la Grèce étaient solvables et que la zone euro dans son ensemble faisait mieux que d'autres économies avancées.

"L'économie européenne a constamment surpris en étant nettement plus dynamique que prévu depuis le retour de la croissance", a-t-il également fait valoir.

"Les investisseurs ont le sentiment que les Européens tentent de colmater d'immenses brèches à l'aide de petites rustines alors que c'est une totale remise à plat du système monétaire et fiscal qui doit être mise en place", explique Frédéric Buzaré, responsable de la gestion action sur Dexia AM.

Exemple des doutes des investisseurs sur la solidité de l'économie de plusieurs pays de la zone euro, l'écart entre les taux des emprunts espagnols et italiens à 10 ans et les taux allemands qui servent de référence dans la zone euro, ont atteint des records historiques.

Les taux d'emprunt des obligations espagnoles à 10 ans ont dépassé les 5,50%, établissant ainsi un nouveau record depuis mai 2000. Mardi à 18h (17h GMT), ils étaient à 5,512% contre 5,427% lundi soir.

Nouveaux pays ciblés par les marchés
Quant aux taux italiens, ils affichaient 4,668% contre 4,638% la veille, au plus haut depuis mai 2009. De leur côté, les taux belges montaient à 3,986% contre 3,876% la veille à la clôture.

La Bourse de Milan a chuté de 2,67% lundi et 1,08,% mardi.

Enfin les Bourses ont également de nouveau terminé en baisse mardi : Francfort a perdu 0,14% et le marché britannique de 0,41%. Le CAC 40 parisien a abandonné 0,73%, Madrid 0,62% et Milan 1,08%.

Silvio Berlusconi, armé de son optimisme à toute épreuve, a appelé à "la confiance" tandis que Luigi Casero, secrétaire d'Etat à l'Economie, a assuré que l'Italie n'était "pas un pays à risque".

"Objectivement, sur la base des fondamentaux de l'Italie, la réaction semble excessive, mais le marché est en train de paniquer, ce qui pourrait vouloir dire que la crise de confiance en l'euro est entrée dans une phase plus dangereuse" pouvant obliger la BCE à intervenir, analyse Marco Valli, chef économiste pour la zone euro d'UniCredit.

L'Italie qui croule sous une dette de près de 120% de son PIB avait réussit jusqu'à présent à rassurer les marchés en limitant la progression de son déficit public et en adoptant en juillet une cure d'austérité devant lui permettre de ramener ce déficit à 2,7% en 2012. Lundi, Bruxelles s'est toutefois montré plus pessimiste en tablant sur un déficit de 3,5% en 2012

Autre pays, qui attire l'attention redoutée des marchés, la Belgique.
Sur le marché obligataire, l'écart entre les taux belge et allemand était de 132 points de base vers 19h15 (18h15 GMT), après avoir atteint 137 points en séance, un plus haut historique depuis la création de la zone euro.

Cela signifie que pour emprunter sur les marchés internationaux, la Belgique doit payer une prime de risque, équivalente à cet écart entre son taux et celui de l'emprunt allemand. Des situations difficilement tenables sur le long terme.

La dette belge atteignait 96,2% en 2009 et devrait passer au-dessus de 100% dès l'an prochain, selon la Commission européenne. Dans la zone euro, seules la Grèce et l'Italie avaient une dette supérieure à celle de la Belgique l'an dernier.

Dans ses prévisions économiques publiées lundi, la Commission européenne se montre par ailleurs moins optimiste que le gouvernement belge concernant le déficit en 2011: elle prévoit 4,6%, contre 4,1% prévus par le gouvernement.

Et, sévit également en Belgique une grave crise politique qui est loin d'être jugulée. Elle n'a toujours pas de nouveau gouvernement, près de cinq mois après des élections.
"Un besoin urgent: un gouvernement", titrait mardi le quotidien flamand De Morgen.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.