Tribune de 93 parlementaires pour la défense des vols domestiques : "Sur certains territoires, il n'y a pas d'autres alternatives"
Le député LREM Benoît Simian, signataire de la tribune, dénonce un "aérien bashing" qui monte depuis plusieurs mois.
"Arrêtez de taper sur l'avion." Ils sont 93 parlementaires à prendre la défense des vols intérieurs dans une tribune publiée par Le Journal du dimanche. Ces élus de divers bords politiques s’insurgent contre des initiatives de députés qui visent à taxer davantage le transport aérien durant l'examen du projet de loi sur les mobilités. "Honte de prendre l'avion ('flygskam"), amendement à la loi d'orientation des mobilités prévoyant d'augmenter la taxe sur le kérosène et le taux de TVA sur les billets d'avion, proposition de loi visant à interdire les vols domestiques lorsqu'il est possible de prendre le train avec un temps supplémentaire de deux heures et demie ou moins... Ces dernières semaines, nous assistons, interloqués, à une multiplication des attaques contre l'avion", affirment les parlementaires. Parmi eux, Benoît Simian, député LREM de Gironde. Il a répondu aux questions de franceinfo, dimanche 23 juin.
franceinfo : Pourquoi avez-vous signé cette tribune ?
Benoît Simian : Il y a un "aérien bashing" depuis plusieurs mois qui monte. C'est un petit peu le concours Lépine contre l'aérien. Je constate que globalement, en France, 15 000 emplois par an sont créés par l'aéronautique [le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales revendique 15 000 recrutements et plus de 4 000 emplois nets créés en 2018, et compte au total 195 000 employés]. Il faut donc faire attention, parce qu'aujourd'hui c'est une force dans l'économie française et européenne. Nous devons arrêter de taper sur l'aérien et plutôt essayer d'aider l'aérien à la conversion vers d'autres technologies bas carbone. Je pense notamment à l'hydrogène, à l'hybride. Je me suis rendu en début de semaine au Salon du Bourget. Il y a des innovations que nous devons soutenir, mais il ne faut pas se tromper de combat. Aujourd'hui, prendre l'avion, c'est 2 litres aux 100 kilomètres par passager. Donc, même en voiture on ne rivalise pas avec un avion qui est plein.
Ce n'est pas le transport aérien en général qui est visé, mais seulement les lignes en concurrence avec le train...
Aujourd'hui le transport aérien est criblé de taxes, je crois qu'il faut arrêter de vouloir toujours taxer. Il faut passer d'une écologie punitive à une écologie positive, incitative. Les Français en ont ras le bol de l'écologie punitive. Il faut dire la vérité aux Français. Sur des territoires qui sont enclavés, la liaison [aérienne] est précieuse pour les investisseurs qui arrivent de pays étrangers. Vous imaginez prendre la correspondance à Roissy Charles-de-Gaulle, puis aller prendre un train pour se rendre à Bordeaux ? Dans ce cas de figure en termes d'émissions c'est plutôt catastrophique. Et puis en termes de temps, ce n'est certainement pas une bonne idée.
Ne faut-il pas plutôt développer le transport ferroviaire ?
Oui, complètement. C'est ce que nous avons écrit dans le rapport auquel j'ai participé avec Philippe Duron du Conseil d'orientation des infrastructures. Il faut répondre aux urgences en termes de régénération, désaturer ce que l'on appelle les nœuds ferroviaires dans les gares hyperimportantes et investir pour les générations futures pour répondre à l'avenir. Tout cela passe par de nouvelles lignes. Je me bats pour la ligne nouvelle Bordeaux-Toulouse qui permettrait un report de l'aérien vers le ferroviaire, et de faire plus de TER et plus de fret parce qu'on a une ligne entre Bordeaux et Toulouse qui est engorgée. Il faut continuer à investir sur le ferroviaire massivement, mais on doit faire du "en même temps". Il ne faut pas jeter l'opprobre sur l'aérien comme cela a été fait ces derniers mois. Il faut être extrêmement prudent, parce que, sur certains territoires, il n'y a pas d'autres alternatives.
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