Pourquoi le plan de réorganisation d'Airbus inquiète les syndicats
Les syndicats ne cachent pas leur méfiance envers la direction du premier groupe aéronautique européen, après l'annonce d'un plan de suppression de 640 emplois en France. Ils réclament des garanties sur l'emploi et le maintien de la recherche.
Les syndicats d'Airbus ne cachent pas leur inquiétude. Le patron du premier avionneur européen, l'Allemand Tom Enders, doit recevoir, mardi 10 janvier à Blagnac (Haute-Garonne), les quatre organisations syndicales françaises du groupe : FO, CGC, CFTC et CFDT. L'entretien a été demandé par les syndicats à la suite de l'annonce par la direction, le 29 novembre, du plan de réorganisation "Gemini", visant à supprimer 1 164 postes en Europe, dont 640 en France.
Les syndicats dénoncent une "logique financière" et rappellent que le groupe possède un carnet de commandes record de près de 1 000 milliards d'euros, soit huit à dix ans de production. La direction rétorque qu'elle doit poursuivre la réduction de ses coûts, dans un contexte de concurrence exacerbée avec son rival américain Boeing et la venue sur le marché d'avionneurs chinois. Voici pourquoi les syndicats d'Airbus craignent la mise en œuvre de ce plan.
Parce qu'ils redoutent des licenciements secs
Les représentants syndicaux sont particulièrement inquiets pour le site de Suresnes (Hauts-de-Seine). Le plan "Gemini" prévoit notamment la suppression de ce centre de recherche : 308 postes seront supprimés et 150 autres seront redéployés à Toulouse. Les autres suppressions prévues dans le plan concernent les sites de Toulouse et Marignane.
"Nous voulons des assurances car on ne veut pas de licenciements secs", martèle Jean-Marc-Escourrou, syndicaliste FO, première organisation du groupe. "On peut comprendre que le groupe se réorganise, a reconnu Thierry Préfol, coordinateur chez Airbus Group pour la CFE-CGC, lors de l'annonce du plan, le 29 novembre. Mais le groupe a les moyens financiers pour éviter tout licenciement sec." Même son de cloche à la CFTC, qui dénonce une politique destinée à "améliorer le cours des actions".
Parce qu'ils craignent la disparition de la recherche en Ile-de-France
Les syndicats redoutent que la recherche ne soit sacrifiée en région parisienne. Des "économies de court terme" peuvent exister, mais "dans dix ans, vingt ans, on va payer les pots cassés", estime Eric Robillot, délégué central CGT Airbus Group et salarié à Suresnes.
"On interrogera tout particulièrement [Tom Enders] sur la possibilité de garder à Suresnes ou en Ile-de-France un pôle recherche", assure Françoise Vallin, coordinatrice pour Airbus Group de la CFE-CGC. "Il existe une possibilité de garder en région parisienne un centre de recherche", abonde Olivier Esteban, du syndicat CFTC.
Parce qu'Airbus délocalise aux Etats-Unis
Troisième point évoqué par les syndicats, le transfert des emplois d'Europe vers les Etats-Unis. En 2015, l'avionneur avait inauguré en grande pompe sa première usine outre-Atlantique, après avoir ouvert une chaîne d'assemblage en Chine en 2008. Une stratégie qui se poursuit depuis et qui inquiète les syndicats : "Globalement, ils ferment des postes en France, ils en ouvrent aux Etats-Unis", estime par exemple Eric Robillot, de la CGT. Le groupe emploie 54 000 personnes dans l'Hexagone et 136 000 dans le monde.
La direction a promis de tout faire pour éviter les licenciements secs, comme lors de ses précédents plans de compression de personnel, mais le patron allemand a récemment averti, dans une interview au Figaro, qu'il ne pouvait "pas [le] garantir".
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