5 milliards de fraude : les analystes doutent
Aujourd’hui, le président de la Société générale, Daniel Bouton a écrit aux actionnaires pour leur expliquer comment la banque a pu se retrouver victime de telles pertes. Les dirigeants de la banque expliquent que le détournement est le fait d’une seule personne, un trader de 31 ans, qui connaissait bien les procédures de contrôle de la banque. “Ses motivations sont incompréhensibles”, ajoutent-ils, car apparemment il ne s’est pas enrichi personnellement.
Jérôme Kerviel aurait reconnu les faits. Il était employé de la banque depuis 2000. Son avocate Me Elisabeth Meyer a indiqué que son client "n'a pas pris la fuite". "Je ne sais pas où il est", a déclaré le PDG de SG Daniel Bouton, qui n'avait pas communiqué son identité.
Il avait mis au point un système parallèle indétectable, et s’en était abondamment servi, tout au long de l’année 2007. La fraude a porté sur des positions de 40 à 50 milliards d’euros d’engagements. Au final, ce sont près de 5 milliards d’euros — 4,9 précisément — qui se sont ainsi évanouis dans la nature. Les bénéfices de la Société Générale sont ainsi passés, pour 2007, de plus de 5 milliards à 700 millions d’euros.
Une prouesse d’un genre assez curieux. Aujourd’hui en effet, bon nombre d’analystes se posent la question de savoir s’il ne fait pas figure de lampiste dans cette affaire. Selon Elie Cohen, directeur de recherche au CNRS, c’est un sentiment qui prévaut aussi dans les salles de marché. "La banque aurait chargé la barque sur la fraude pour faire passer plusieurs mauvaises opérations de marché", affirme-t-il.
Il faut dire qu’elle accuse aussi des pertes pour 2 milliards d’euros en raison de la crise des subprimes.
Pour Mace Blicksilver, de Marbelhead asset management, si la fraude avait commencé "il y a trois semaines, c’est tout à fait possible qu’une seule personne en soit à l’origine. Plus longtemps, cela me semble dur à cacher".
Anne-Laure Barral avec agences.
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