Cet article date de plus d'onze ans.

Vacances : quatre conseils avant de partir dans une zone à risque

Vous voulez éviter la foule, mais le pays que vous souhaitez explorer présente des problèmes de sûreté ? Francetv info vous donne quelques tuyaux pour partir en connaissance de cause.

Article rédigé par Fabien Magnenou
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Des militaires escortent des touristes en Ethiopie, à la frontière avec l'Erythrée, en janvier 2012. (MARTIAL ACQUARONE / BIOSPHOTO / AFP)

Et pour vous, cet été, ce sera l'Irak, la Corée du Nord ou la Vendée ? Le classement des destinations touristiques a été largement rebattu, au fil des événements politiques, autour de la Méditerranée et ailleurs. Lorsque la situation l'impose, certains circuits ont même été déprogrammés. "L'insécurité stagnante dans le nord du Mali nous a contraints à déplacer notre activité touristique vers le Bénin, le Burkina Faso, la Gambie, le Ghana, la Guinée-Conakry, le Togo", signale ainsi cette agence de voyages. En Egypte, les tours-opérateurs ont suspendus les excursions au Caire, à Héliopolis près du Palais présidentiel et dans le Mont Sinaï, selon Le Parisien

Les guides vous livreront des détails précieux sur les sites remarquables et les particularités locales. Sans oublier les offices de tourisme locaux, dont la liste est publiée sur ce site. Mais si vous comptez partir vers une destination sensible, ces indications ne suffiront pas. Puisqu'un voyageur averti en vaut deux, voici quelques conseils.

1Consultez la carte du Quai d'Orsay

Le Quai d'Orsay a présenté une nouvelle version de sa carte des zones à risque. Grande nouveauté, les informations ont désormais été affinées au niveau régional. Pour de nombreux Français en mal de vacances, cet outil est devenu un passage obligé lors du choix d'une destination. Le site, lancé il y a quinze ans, revendique 7 millions de visites par an. La carte subit chaque année un millier de modifications, presque en temps réel.

"Aucune décision n'est prise à la légère. Les informations remontent du terrain et de notre réseau consulaire diplomatique, l'un des plus développés au monde. Le centre de crise se charge de la mise à jour, on essaie d'être aussi rapides que possible", indique-t-on au ministère. Un exemple avec la Tunisie. Le pays, jusqu'ici couvert de jaune, laisse désormais apparaître plusieurs couleurs, selon les régions. Les zones littorales sont jugées sûres, quand la région de Fériana et Gafsa est "déconseillée sauf raison impérative". Et prière d'éviter le sud, "formellement déconseillé".

  (QUAI D'ORSAY / CC)

2Allez visiter les sites des ministères étrangers

Dans le cas de la Tunisie, les zones classées en vert concentrent l'essentiel de l'activité touristique locale. Simple coïncidence ? Le Quai d'Orsay reconnaît que ses conseils "ne passent pas inaperçus aux yeux des tours-opérateurs et des gouvernements" et qu'il essuie parfois "certaines récriminations". Un ancien des services secrets accuse le ministère d'y céder. "D'une manière générale, le Quai d'Orsay a toujours été très en-deçà des recommandations émises par les autres ministères – notamment anglo-saxons – par crainte de vexer les autorités sur place."

Un fantasme, selon le ministère, qui affirme : "Notre devoir est de rester indépendants et d'être au service des ressortissants." Le président de Voyageurs du monde, Jean-François Rial, cite ainsi un exemple vieux de quelques années. "La France faisait alors confiance à toute l'Egypte, sauf dans la région du Sinaï, au grand dam des Egyptiens qui n'étaient pas d'accord. Et même si Nicolas Sarkozy et Hosni Moubarak [qui dirigeait alors le pays] coprésidaient l'Union pour la Méditerranée, la France n'a pas modifié sa position."

Selon Gérard Guerrier, directeur général du tour-opérateur Allibert Trekking, "les Français ont même une attitude plus paternaliste que les Anglais". Ainsi, la notice française est plus précise que la notice britannique (en anglais) sur les risques encourus en Tunisie. Mais ce professionnel reconnaît que le lobbying du tourisme de masse et les relations diplomatiques peuvent avoir une influence. "Le Maroc est en vert [hors Sahara occidental], alors que certaines zones mériteraient le jaune (...). Il faut avoir une lecture intelligente de ces avis, qui ne sont pas une parole d'évangile."

N'oubliez pas non plus de varier vos sources d'information, selon votre destination. Avant un départ au Cachemire (Inde), mieux vaut consulter le site ministériel britannique (en anglais), dont le réseau local est mieux informé, pour d'évidentes raisons historiques.

3Assurez-vous du sérieux de votre tour-opérateur

A moins d'être un baroudeur chevronné, mieux vaut éviter de tenter le diable. Dans le doute, frappez à la porte d'un tour-opérateur qui possède une solide expérience de la destination. N'hésitez pas à discuter longuement avec votre interlocuteur pour "tâter le terrain" et vous assurer de son sérieux.

Gérard Guerrier propose des séjours dans le désert du Danakil (Ethiopie), une zone pourtant "formellement déconseillée" aux voyageurs"Nous pensons que c'est faisable. Mais tout peut changer très vite, selon les informations que nous recueillons." Même chose pour Jean-François Rial. Dans les années 2000, lors de la révolution maoïste au Népal, il a maintenu la destination. "Sur place, nous payions un impôt révolutionnaire et nous n'avons eu aucun problème." Des situations qui restent exceptionnelles. "Lorsqu'on va à l'encontre de l'avis des fonctionnaires du Quai d'Orsay, nous les rencontrons et nous en discutons." Et surtout, il informe ses clients de la position officielle, et leur fait signer un document spécifique.

Celui-ci n'a pas valeur de décharge. En cas de mésaventure, l'Etat peut réclamer au tour-opérateur le remboursement des éventuelles opérations de secours, depuis la loi Kouchner de 2010. Une menace intégrée dans les assurances des voyagistes, qui s'exposeraient dans tous les cas à de lourdes retombées médiatiques et commerciales.

4Restez connectés

Avant de partir, vous pouvez enfin vous inscrire au service Ariane. L'inscription ne prend que quelques minutes, et vous demande d'indiquer un numéro de téléphone, une adresse e-mail, le lieu et la date du séjour, les moyens de transport envisagés... Une fois sur place, vous serez tenus informés, par téléphone ou par e-mail, d'éventuelles menaces. Quelque 80 000 personnes sont actuellement inscrites et le service a adressé 250 messages l'an dernier.

Pour compléter son dispositif, le Quai d'Orsay a aussi développé une application pour smartphone (Android et Apple) et dispose d'un compte Twitter qui distille quelques conseils élémentaires. Dernières suggestions : n'oubliez pas d'informer un proche du déroulé précis de votre voyage et de conserver une photocopie de vos pièces d'identité, pour retomber sur vos jambes en cas de vol. Ah, et n'oubliez pas, non plus, de profiter de vos vacances.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.