Comment survivre aux vacances (quand vous restez chez vous) ?
Vous ne partez pas cet été ? Ce n'est pas (si) grave. Francetv info vous fournit le kit de survie pour profiter des beaux jours à la maison.
Avec humour, les gens du Nord disent parfois qu'ils partent en vacances à "Gardincourt" : "Une semaine dins l'gardin [dans le jardin], une semaine dins l'cour [dans la cour]." Quel que soit l'accent, dépaysement et exotisme ne sont pas à la portée de toutes les bourses. En 2013, moins d'un Français sur deux (48%) prévoit de s'octroyer de "vraies vacances" soit au moins quatre nuits, contre 53% en 2012, a relevé en mars une enquête du cabinet Protourisme. En fait, seuls 44% d'entre eux sont sûrs de partir, contre 47% l'année précédente.
Entre ceux qui travaillent en juillet et en août, ceux qui renoncent à partir faute d'argent et ceux qui cumulent les deux empêchements, les situations sont diverses, mais la crainte reste la même : comment profiter pleinement d'un été chez soi ? Francetv info vous fournit le kit de survie.
Apprenez à vous perdre dans votre ville
Le pays compte 3 600 offices de tourisme, 96 comités départementaux du tourisme et 26 comités régionaux : en été, la plupart d’entre eux proposent davantage de circuits et de visites, pour des prix très abordables (c'est même parfois gratuit), quel que soit votre région. Comment ça, c’est naze ? C'est le moment de faire preuve d’ouverture d’esprit ! Visiter un musée "avec des lunettes déformantes (...) qui simulent une consommation d’alcool comprise entre 0,5 et 0,8 gramme d’alcool par litre de sang" , acheter un plan de la grande ville la plus proche et explorer la case K2, reprendre les rues par ordre alphabétique ou découvrir sa propre ville avec le plan d’une autre (par exemple, arpenter les rues de Metz en suivant un plan de Barcelone ; imaginez que vous partez de la Sagrada Familia, direction le parc Guëll, etc.) : le laboratoire de tourisme expérimental en ligne (LaTourEx) grouille d’idées étranges pour aborder le voyage comme une œuvre d’art dadaïste.
Dans les grandes villes et les villes moyennes, les offices du tourisme sont largement convertis aux jeux de piste ou aux chasses aux trésors. Les campagnes ne sont pas en reste : des sites, comme Web-Trésor.com, recensent les expéditions (souvent gratuites) organisées dans toute la France, de la Champagne-Ardenne au Languedoc-Roussillon, en passant par la Bretagne. Pour les habitants de Paris, et plus généralement pour les Franciliens (cet été, le pass Navigo sera dézoné, facilitant les trajets entre la capitale et les départements voisins), les aventures d’une journée se déclinent par arrondissements ou par thèmes, via des livres d’énigmes ou sur internet.
Reposez-vous (pour de vrai)
"Il faut bien distinguer prendre des congés et partir en vacances, prévient Antoine Pelissolo, professeur de psychiatrie et animateur du blog MediKpsy, contacté par francetv info. Ce qui compte, c’est d’avoir un temps de rupture avec le quotidien. Ces temps de repos sont essentiels pour réduire la fatigue." Certes, "partir apparaît évidemment comme une meilleure façon de rompre, mais certaines personnes vont avoir des difficultés, notamment en travaillant à distance". Comprenez : ce n'est pas parce que vous êtes à la maison pendant vos congés qu'il faut ouvrir la boîte mail pro toutes les 5 minutes. "Il est important d’organiser sa journée autrement, par exemple en ne se donnant qu’une seule tâche à réaliser, poursuit le psychiatre. S'accorder des moments pour ne rien faire peut se révéler bénéfique car c'est un moment de réflexion. Pourquoi ne pas en profiter pour s'essayer à la méditation ?"
Sauf bien sûr si vous êtes saisonnier, il y a de fortes chances pour que, au travail, l'activité soit ralentie l'été. L'occasion de ne pas vous surcharger de tâches et de profiter des week-ends. Selon le psychologue britannique David Lewis-Hodgson, les congés ne devraient d'ailleurs pas durer plus de trois ou quatre jours, au risque de devenir eux-mêmes une source de fatigue. Dans cette étude commandée en 2012 par les hôtels Holidays Inn, et citée par TerraFemina, il fustige les longs trajets éprouvants, le décalage horaire, notre tendance à boire davantage (n'est-ce pas, le rosé ?) et le stress lié à l'éloignement.
Faites comme d'habitude (mais en mieux)
Les Français consacrent leur temps libre à une dizaine d'activités. Elles sont culturelles (musicales pour 77% d'entre eux, télévisuelles ou littéraires pour 76%), sportives (59%) ou numérique (le surf sur internet est cité par 63% de nos compatriotes). Dans son dernier baromètre pour l'Observatoire des loisirs des Français, TNS Sofres relève que nous utilisons le net pour consulter des recettes de cuisine, des guides vidéo de bricolage ou des cours de musique en ligne. En d'autres termes, nous avons l'habitude de nous occuper sans changer de méridiens. S'y adonner permet de décrocher à peu de frais, confirme Antoine Pelissolo. "C'est important de parvenir à mettre en place des activités un peu différentes : mettre en avant ce que l'on aime, ce qui passe aussi par des relations sociales harmonieuses qui ne se limitent pas aux fréquentations imposées par le travail." Oui, le psychiatre vient de prescrire un barbecue entre amis.
Quant au sport, il peut garantir l'évasion le temps du week-end. Pour huit euros, le guide de l'association des Véloroutes et Voies vertes de France propose pas moins de 250 itinéraires sécurisés pour marcheurs, cyclistes, adeptes du roller et personnes à mobilité réduite. Pour les flemmards, le "binge-watching" (visionnage à la chaîne) d'épisodes de Game Of Thrones ou de la dernière saison d'Arrested Development fera l'affaire.
Sans parler des opportunités suscitées par l'activité la plus pénible du monde en temps normal : le ménage. Quand mettre de l'ordre dans ses photos ou dans son grenier engendre retrouvailles et surprises.
Ne sous-estimez pas l'impact des micro-changements
Réconciliez-vous avec l'été en important des codes de vacanciers dans votre quotidien. Porter son maillot de bain sous son jeans n'est pas pathétique : c'est l'opportunité de faire un crochet par la piscine ou d'aller bronzer au parc à la pause déjeuner. Le temps est moche ? Mettez vos lunettes de soleil dans votre sac quoi qu'il arrive. Tel le préservatif dans le portefeuille d'un lycéen, la monture peut ne pas sortir de son étui de l'été. N'empêche, ce serait trop dommage de rater une occasion de s'en servir (et sur un malentendu, un rayon de soleil peut arriver).
Que vous alliez travailler en transport en commun ou en voiture, vous jouirez d'un trajet forcément plus fluide et moins oppressant. C'est le moment de se préparer une compil' de l'été (la règle : des morceaux sortis dans l'année ou faisant une référence évidente à l'été dans leurs titres ou paroles). Ce sera l'été dans votre casque, puis dans votre tête, même des années après (ex : "Tu te souviens, l'été 2013 ? Moi j'écoutais Daft Punk dans le bus, sur une place assise, c'était magique.")
Tous les micro-changements sont les bienvenus, alors ne vous privez pas : mis bout à bout, la tentative d'une semaine végétarienne et l'achat d'un ficus contribuent à bousculer la routine.
Soyez un peu cruels (et plus malins que les autres)
Pas d'embouteillages, pas de cambriolages, pas (trop) de piqûres de moustiques, pas de rencontres fortuites avec un banc de méduses, pas de minuscule plateau de fruits de mer hors de prix, pas de correspondances de trains ratées, décalées, annulées... Désacraliser le voyage aide à supporter d'en être privé en cette pleine saison. Comment ? En ricanant devant la météo. En faisant comprendre à vos amis que leurs photos de pieds dans la sable postées sur Facebook sont un fléau des temps modernes. En 2012, les non-vacanciers avaient riposté sur le tumblr Mon été de merde. Détournez les photos des vacanciers, incrustez-vous ou ripostez avec un gif bien à-propos. Bref, soyez créatifs.
Mais ne soyez pas trop méchants. Après tout, vous n'êtes pas à l'abri d'une promotion exceptionnelle qui vous permettra de vous absenter quelques jours. Selon Didier Arino, directeur du cabinet Protourisme, cette année, "plus de 25% des réservations se font en dernière minute. C'est certainement la météorologie et les promotions qui conditionneront les départs en vacances de nos concitoyens (...)", expliquait-il début juin sur Europe 1. Du moins, pour ceux qui n'auraient pas compris que "the place to be" cette année, c'est "Gardincourt".
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