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Salaire minimum et autres flops contre les déserts médicaux

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a proposé dimanche des mesures incitatives pour attirer les médecins dans les zones désertées. Francetv info revient sur la longue liste des échecs dans ce combat.

Article rédigé par Yann Thompson
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Installé depuis vingt-cinq ans à Sougé-le-Ganelon (Sarthe), le docteur Cuny est obligé de fermer son cabinet médical et de retirer sa plaque faute de repreneur, le 13 février 2006. (MAXPPP)

SANTE - Trente ans que cela dure, et la situation continue de s'aggraver. Dans une énième tentative pour lutter contre les déserts médicaux, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a suggéré dimanche 2 décembre la mise en place d'un salaire minimum de 4 600 euros par mois pour 200 jeunes médecins généralistes qui iront s'installer en 2013 dans une zone sous-médicalisée. "Ce sera une mesure très nettement insuffisante", a réagi lundi Claude Leicher, président du premier syndicat de généralistes, MG France. "Le problème dans les cinq ans qui viennent, c'est 13 000 généralistes qui partent à la retraite", affirme-t-il.

4 600 euros par mois pour repeupler les déserts médicaux ? ( France 2 - Nabila Tabouri, Francis Mazoyer, Philippe Dumail et Pascal Caron)

Dans les campagnes comme en banlieue, les mesures locales et nationales se multiplient pour appâter les blouses blanches. Certains ont déjà essayé de sortir le carnet de chèques. D'autres prennent le pouls de médecins étrangers, détaille Le Parisien, et leur offrent une clientèle sur un plateau. Pourtant, les symptômes persistent. Francetv info revient sur les traitements prescrits en vain contre la désertification médicale.

Et si on obligeait les médecins à exercer dans une zone désertée...

Après tout, le contribuable finance les études des médecins ; pourquoi n'aurait-il pas le droit à un effort de leur part en retour ? Le député UDI Philippe Vigier a déposé en octobre une proposition de loi qui aurait obligé les médecins libéraux à exercer pendant trois ans, à l'issue de leur formation, dans une zone désertée par les praticiens. Suivant le destin d'un texte similaire déposé l'an dernier, la proposition a été rejetée le 23 novembre à l'Assemblée nationale. "Un texte bien pensé et équilibré", selon la députée PS Catherine Lemorton, mais "nous privilégions la voie de la concertation et de l'incitation. C'est le choix du président." 

Et si on les incitait avec de l'argent...

Marisol Touraine le répète : "Comme s'y est engagé le président François Hollande, c'est dans le cadre d'une incitation que l'action du gouvernement se mettra en place." L'idée de brandir ses plus belles carottes devant les jeunes pousses sorties de l'internat a déjà été testée. Au plan national, avec notamment les "contrats d'engagement de service public" nés de la loi Bachelot en 2009, qui offrent 1 200 euros mensuels aux étudiants s'engageant par la suite à exercer quelques années dans les zones sous-dotées. Le Figaro évoque "un échec : en 2011, seuls 200 ont été signés, moitié moins que l'objectif initial". Et quand Xavier Bertrand, ministre de la Santé en 2011, défend sur Europe 1 les politiques d'incitation, ses chiffres sortent de nulle part et lui valent le titre de "Pinocchio du désert médical" remis par Le Nouvel Obs.

Au plan local, des initiatives existent aussi, avec l'opération Wanted dans l'Allier, relevée par L'Etudiant.fr, ou une gamme de bourses, d'aides à l'installation et d'aides aux maisons de santé en Lozère. En Dordogne, on va jusqu'à traquer les éventuels candidats sur les marchés pendant leurs vacances, relate Sud Ouest. Toutefois, comme le rapporte La Gazette des communes"les incitations financières ne font pas recette", avec des risques de redondance entre les dispositifs et d'effet d'aubaine pour certains médecins qui ne devraient pas en profiter. 

La Dordogne se cherchent des médecins sur les marchés ( France 2 - Francis Mazoyer et Philippe Dumail)

Et si les mairies embauchaient des médecins...

Ni contrainte, ni incitation, mieux : une embauche. L'expérience est née à la Ferté-Bernard, commune de la Sarthe administrée par un maire UMP. Des médecins ont été recrutés comme fonctionnaires territoriaux dans un dispensaire municipal créé pour eux. Leurs salaires sont versés par la mairie et leurs consultations réglées à l'ordre du Trésor public. "Cette bonne idée sur le papier est en train de désorganiser totalement l'offre médicale", rapporte toutefois France Info, qui détaille les conséquences de cette médecine locale "à deux vitesses" entre les praticiens municipaux et les libéraux restants.

Et si on inventait les "médecins volants"...

Et si la solution venait du large ? Cap sur Belle-Ile-en-Mer, dans le Morbihan. Là-bas, le "sentiment de solitude et d'isolement" chanté par Laurent Voulzy a eu raison des médecins. A peine plus de 5 000 habitants l'hiver, 35 000 l'été, et plus que trois médecins. L'Agence régionale de santé (ARS) de Bretagne a réagi au printemps avec le dispositif des "médecins volants", consistant à faire venir des médecins du continent pour des vacations de 24 heures, rémunérées 1050 euros par jour. Efficace, mais trop cher pour l'ARS, qui a finalement décidé en septembre de remplacer les médecins libéraux par des médecins salariés du centre hospitalier de Vannes-Auray, selon Le Quotidien du médecin.

La solution miracle aux déserts médicaux n'a pas encore été trouvée. Des réussites existent ça et là, mais l'argent n'est pas forcément le remède. La future hausse du numerus clausus ne l'est pas non plus, selon l'Ordre des médecins cité par Le Monde"Le problème essentiel, ce sont les conditions d'exercice et les conditions de vie", estime Claude Leicher, de MG France. Autant de problématiques pour Marisol Touraine, qui doit détailler courant décembre son plan de lutte contre les déserts médicaux.

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